Institutde Grec ancien. L’Institut de grec, qui fait partie de la FacultĂ© des Lettres, se consacre Ă  la formation et Ă  la recherche dans le domaine de la langue et de la littĂ©rature grecques antiques. Il couvre toute l’aire gĂ©ographique du monde grec (GrĂšce propre et domaine Ă©gĂ©en, Asie Mineure et ensemble de l’Orient
Introduction 2 AprĂšs une guerre d’IndĂ©pendance contre les Ottomans, la GrĂšce fut reconnue par les Grandes Puissanc ... 1La formation de la conscience, de l’histoire et de l’identitĂ© nationale grecque moderne remonte au XVIIIe et surtout au XIXe siĂšcle Koubourlis, 2005 ; Herzfeld, 1986. Elle est donc antĂ©rieure Ă  la crĂ©ation de l’État Grec, en 18302. Une fois la libĂ©ration culturelle et politique atteinte, les Grecs n’ont fait qu’exalter l’AntiquitĂ© et leur glorieux passĂ© qui lĂ©gitimait leur existence en tant qu’État-nation. En mĂȘme temps, d’un comportement rĂ©servĂ© envers l’Europe, ils sont passĂ©s Ă  l’admiration de l’Occident. Ce processus d’adulation du passĂ© et de dĂ©sir de modernisation mis en marche depuis le XVIIIe siĂšcle Toynbee, 1981 est connectĂ© Ă  la question de la continuitĂ© de la GrĂšce antique Ă  travers la GrĂšce moderne. Le sujet de la continuitĂ© acquiert ainsi un caractĂšre a fortiori politique puisqu’elle a servi d’argument pour la constitution d’un nouvel État Herzfeld, 1986. Le patrimoine antique et byzantin, l’imaginaire, le symbole et le dĂ©sir d’une orientation culturelle europĂ©enne ont servi d'arguments importants pour l’existence de la Nation Peckham, 2003. Dans ce contexte de modernisation et d’europĂ©anisation, AthĂšnes, capitale depuis 1834, acquiert des infrastructures et des institutions culturelles et patrimoniales afin de forger son image prestigieuse. 2Ainsi, depuis un siĂšcle et demi, État et citoyens ont essayĂ© soit de renouer avec l’AntiquitĂ© et la tradition, soit d’échapper Ă  cette tendance Ă  se rĂ©fĂ©rer au passĂ©. L’effort de l’État pour affirmer son existence, ses symboles et son patrimoine est indĂ©niable. L’appui de l’Etat aux artistes et aux expositions n’est pas propre Ă  la GrĂšce, comme le montre le cas des États-Unis Crane, 1987 7. De mĂȘme, la constitution d’un milieu artistique qui soutient la crĂ©ation contemporaine est liĂ©e Ă  des facteurs historiques, politiques, sociaux et artistiques. Les classes sociales de la sociĂ©tĂ© grecque moderne et contemporaine ont jouĂ© un rĂŽle majeur dans la crĂ©ation d’un monde de l’art grec, et la bourgeoisie tient les rĂȘnes dans cette formation. La contribution Ă  l’affirmation d’une identitĂ© nationale Ă  travers la mise en valeur de l’histoire locale et son apport Ă  la culture et Ă  l’histoire nationale reste un sujet riche qui a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© par nombre de chercheurs Couderc, 2008 ; Voutsaki, 2003. À l’inverse, ce qui fut moins Ă©tudiĂ© est le processus de crĂ©ations de musĂ©es d’art contemporain. Qui sont les individus Ă  l’origine de leur crĂ©ation ? Quels sont les objectifs recherchĂ©s par la crĂ©ation des musĂ©es d’art contemporain ? Nous aborderons ces questions dans une Ă©tude des efforts faits par des individus, des sociĂ©tĂ©s savantes, des artistes et des instances politiques pour crĂ©er des musĂ©es d’art contemporain, et notamment en province. La pĂ©riode Ă©tudiĂ©e est celle qui succĂšde Ă  la Seconde Guerre mondiale, et en particulier les annĂ©es soixante qui furent significatives pour la crĂ©ation des musĂ©es d’art contemporain en GrĂšce. 1. Politiques officielles et rĂŽles des musĂ©es d’art contemporain en GrĂšce 3Le patrimoine, la crĂ©ation artistique et le dĂ©veloppement du pays sont protĂ©gĂ©s par la politique officielle contemporaine dans le cadre des objectifs suivants protection du patrimoine national antique et byzantin, renforcement de la crĂ©ation contemporaine, effort pour la diminution des dĂ©sĂ©quilibres rĂ©gionaux et dĂ©veloppement touristique du pays. Ces objectifs, en liaison avec un discours ethnocentrique de l’État Hamilakis et Yalouri, 1996 ; Brown et Hamilakis, 2003 ; Zacharia, 2008, constituent le cadre de l’histoire des musĂ©es d’art contemporain en GrĂšce. 4Dans ce contexte, le dĂ©fi qu’un musĂ©e d’art, et plus encore un musĂ©e d’art contemporain, doit affronter est celui de la patrimonialisation de ses objets. Par le biais de la collection d’Ɠuvres d’art contemporain exposĂ©e, le musĂ©e contribue Ă  la reconnaissance de l’évolution culturelle de la sociĂ©tĂ© et du marchĂ© de l’art. Le musĂ©e est de plus un appui Ă  l’enseignement de l’école publique puisqu’il sert principalement de lieu d’éducation esthĂ©tique Kakourou-Chroni, 2006. Le musĂ©e Ă©tait au XIXe siĂšcle une institution de prestige et c’est selon cette approche que sont créés les premiers musĂ©es d’art. Or, le musĂ©e devient progressivement au XXe un signe de dĂ©veloppement financier et culturel d’une ville et/ou d’une rĂ©gion, d’oĂč les amĂ©nagements urbanistiques rĂ©alisĂ©s pour moderniser l’image urbaine, comme le montre le cas du musĂ©e de la ville de Larissa, fondĂ© dans les annĂ©es 1980 suite Ă  une donation du chirurgien Georges Katsigras, un amateur d’art originaire de cette ville, et installĂ© en 2003 dans un nouveau bĂątiment dĂ©diĂ© Ă  la fonction musĂ©ale figure 1. À la fin du XXe siĂšcle, le musĂ©e, tant archĂ©ologique que des beaux arts, est un signe urbanistique de dĂ©veloppement, notamment quand il est intĂ©grĂ© dans une vaste zone d’amĂ©nagement ou quand il est question de crĂ©ation de quartiers musĂ©aux. Le musĂ©e G. I. Katsigras a fait l’objet d’un tel projet, qui n’est pas pour autant devenu rĂ©alitĂ©. Figure 1 PinacothĂšque de Larissa – MusĂ©e G. I. Katsigras. Source Photographies de C. Ntaflou du 5Le musĂ©e contribue au maintien des mythes constitutifs de la nation, donc Ă  sa cohĂ©sion. Ceci devient manifeste lors des festivitĂ©s de commĂ©moration et plus encore lors des inaugurations officielles de ces musĂ©es, oĂč participent presque toujours les instances politiques, religieuses et civiles, nationales ou locales selon l’importance qui lui est attribuĂ©e figure 2. Ainsi, en 1961, la pinacothĂšque de Ioannina fut inaugurĂ©e par le roi en prĂ©sence de tous les pouvoirs locaux, Ă©vĂȘque compris. En 2000, quand elle a ouvert de nouveau ses portes dans un nouveau bĂątiment, le prĂ©sident de la RĂ©publique Costis Stephanopoulos en a fait l’inauguration, le 13 janvier, date commĂ©morative de l’annexion de la rĂ©gion au pays en 1913. Figure 2 Inauguration officielle et bĂ©nĂ©diction de la pinacothĂšque de Ioannina en 1961, par le roi Pavlos a et son Ă©pouse FrĂ©dĂ©rique b, en prĂ©sence de leurs trois enfants, des instances politiques, du clergĂ© et des gens de lettres c. Vue de certaines Ɠuvres d Source InstantanĂ©s d’aprĂšs une courte vidĂ©o appartenant aux collections des Archives Audiovisuelles Nationales EOA, au n° d’inventaire D 1078. 6Ce signe matĂ©riel qu’est le musĂ©e dans la ville fonctionne comme un argument – autant que comme preuve – du dĂ©veloppement du lieu en question et plus encore, du dĂ©veloppement grĂące Ă  la dĂ©centralisation et Ă  la valorisation touristique qui participent aux dĂ©bats sur l’évolution de la GrĂšce aprĂšs la Seconde Guerre mondiale. Or, bien avant d’arriver Ă  ces discussions des derniĂšres trente annĂ©es, la situation Ă  laquelle les villes grecques ont dĂ» faire face est Ă©loignĂ©e de sujets liĂ©s Ă  la dĂ©centralisation et au dĂ©veloppement du tourisme culturel. La majoritĂ© des villes annexĂ©es Ă  l’État Grec Ă  la fin du XIXe et au dĂ©but du XXe siĂšcle ont d’abord expĂ©rimentĂ© des changements dĂ©cisifs dans leur tissu urbain, leur urbanisme et leur architecture Dimoglou, 2008 ; Loukakis, 1997. Par ailleurs, des villes qui ont vĂ©cu pendant des siĂšcles sous un climat multiculturel, telle Thessalonique, changent complĂštement leur caractĂšre dans un effort, rĂ©ussi dans le long terme, d’hellĂ©nisation de leur population ethniquement mixte et de leur visage urbain. 3 La premiĂšre rencontre entre des reprĂ©sentants des artistes ‒ le peintre DĂ©mos Dimas, le graveur Eut ... 7AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, l’État grec s’est tournĂ© vers la reconstruction et le dĂ©veloppement Ă©conomique, urbain et touristique. Il ne s’est pas montrĂ© trĂšs actif dans la mise en place d’organismes et d’une lĂ©gislation pour la culture, hormis Ă  AthĂšnes et dans une moindre mesure Ă  Thessalonique Konsola, 1999. Pourtant, le domaine du patrimoine archĂ©ologique fut protĂ©gĂ© par la politique officielle en 1960, la responsabilitĂ© du patrimoine antique a Ă©tĂ© attribuĂ©e au premier ministre dĂ©nommĂ© ministĂšre de la prĂ©sidence ». Cette reconnaissance ministĂ©rielle renforce ainsi le statut professionnel des archĂ©ologues Karouzos, 1995. Bien que des artistes aient soutenu, aprĂšs la guerre mondiale 1940-1945 et civile 1944-1949, la crĂ©ation des musĂ©es d’art contemporain dans chaque dĂšme circonscription administrative de base du pays, cette idĂ©e n’a pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e. Les propositions en faveur de la culture et des arts contemporains faites par les artistes n’ont pas eu de retombĂ©es directes sur la politique culturelle officielle3. À cette Ă©poque, les arts plastiques se trouvaient sous la responsabilitĂ© du ministĂšre de l’éducation nationale et des cultes qui gĂ©rait la Direction des beaux-arts et du théùtre. Un ministĂšre de la culture qui regroupait la gestion du patrimoine et de la culture moderne et contemporaine n’a Ă©tĂ© créé qu’en 1971. La politique culturelle et musĂ©ale privilĂ©giant le patrimoine ancien, ainsi que le manque de financement public font que ce sont les individus artistes, galeristes,critiques et les collectivitĂ©s qui ont lancĂ© les actions dans le domaine de la culture et, notamment, dans celui des arts plastiques. 8En termes de gĂ©ographie du dĂ©veloppement, les inĂ©galitĂ©s entre AthĂšnes et la province se sont accrues aprĂšs 1945 et ont Ă©tĂ© particuliĂšrement manifestes, donc contestĂ©es, Ă  partir des annĂ©es 1970. La capitale a assumĂ© le poids de la reconstruction du prestige national, mais les fruits de cet effort n’ont rĂ©pondu que partiellement au besoin de rattraper intellectuellement et artistiquement le reste du monde Burgel, 2002. Le but de l’État n’était pas tant de soutenir la crĂ©ation contemporaine que de renforcer son image nationale en tant que pays riche en antiquitĂ©s et en patrimoine historique. Ainsi des efforts coordonnĂ©s pour la construction des musĂ©es archĂ©ologiques en province datent de 1950. Les musĂ©es dĂ©diĂ©s Ă  l’époque byzantine voient Ă©galement le jour, notamment aprĂšs 1960 Voudouri, 2003. De ce fait et compte tenu que la GrĂšce fut depuis toujours un Ă©tat centralisĂ©, le dynamisme de l’auto-administration – locale et rĂ©gionale – de la vie artistique et culturelle contient un substrat plutĂŽt politique Kontogeorgis, 2003. 9Les revendications culturelles sont souvent le fait de citoyens, notamment des classes sociales moyennes et Ă©levĂ©es d’aprĂšs-guerre. Les soucis identitaires sont liĂ©s au sens des lieux, Ă  la façon dont ils sont perçus et aux relations que les citoyens entretiennent avec leur ville. C’est dans un climat de mutations diverses que les historiens d’art, les artistes, les esprits plus ouverts du pays ont senti que si l’État ne prenait pas en charge la promotion de l’art grec contemporain en Occident, celui-ci n’existerait pas sur le plan international. Ainsi, des collectionneurs dĂ©cidĂšrent d’ouvrir leurs collections d’art moderne et contemporain au public Ă  dĂ©faut d’institutions publiques dans le paysage musĂ©al grec, et cela notamment aprĂšs 1980 PolĂšre, 1999 la donation en 1981 de 700 tableaux par le collectionneur et mĂ©decin Georges I. Katsigras 1914-1998 Ă  la municipalitĂ© de Larissa, en Thessalie, a marquĂ© les esprits. Les arts plastiques se sont fait par ailleurs une place dans des galeries, dont le nombre s’est accru, en particulier Ă  AthĂšnes Skaltsa, Ioannou et al., 1989. ParallĂšlement, les expositions d’art grec moderne et contemporain se sont multipliĂ©es, notamment Ă  l’étranger. Souvent, des Grecs de la diaspora ont pris l’initiative d’organiser ces expositions, avec les artistes grecs, surtout les artistes connus au niveau international et considĂ©rĂ©s comme les plus reprĂ©sentatifs, comme le montre l’exposition Peintres et sculpteurs Grecs de Paris rĂ©alisĂ©e au musĂ©e d’art moderne de la ville de Paris en 1962 et l’exposition Eight artists, eight attitudes, eight Greeks rĂ©alisĂ©e Ă  l’Institute of contemporary arts de Londres en 1975. 4 La SociĂ©tĂ© de Critiques Grecs fut fondĂ©e en 1966. 10Dans l’histoire de la crĂ©ation des musĂ©es d’art contemporain, gĂ©nĂ©ralement appelĂ©s pinacothĂšques en GrĂšce, il est question de dĂ©veloppement culturel et artistique. Il est Ă©galement question d’évolutions sociales liĂ©es aux diverses transitions dans l’immĂ©diat de la Seconde Guerre Mondiale Nitsiakos, 2003. La question de la crĂ©ation de musĂ©es d’art contemporain rĂ©gionaux tourne autour des initiatives des collectivitĂ©s locales et relĂšve de sujets qui touchent autant Ă  la psychologie personnelle et collective des reprĂ©sentations Debarbieux, 2001 qu’à des enjeux Ă©conomiques. Cette histoire des musĂ©es se lie, enfin, Ă  des Ă©volutions dans le monde du travail, Ă  savoir la consĂ©cration de la profession de l’artiste, de l’historien d’art et du critique4. Une autre Ă©volution est Ă  noter au niveau culturel, Ă  savoir l’ouverture de la sociĂ©tĂ© vers les arts plastiques et les musĂ©es. 11La pinacothĂšque devient un organisme public par la donation Ă  une municipalitĂ©. Ainsi le musĂ©e est soutenu par les dĂ©sirs de renouveau des intellectuels attachĂ©s Ă  leur lieu d’origine. Les annĂ©es 1960 prĂ©sentent une pĂ©riode d’élan culturel et artistique créé par des gens de lettres, des artistes, des bourgeois lettrĂ©s et souvent, des gens de gauche. Elle est une dĂ©cennie de changements Ă  plusieurs niveaux et d’expĂ©rimentations dans les arts, tant dans le théùtre, qu’en musique et dans les arts plastiques. Jusqu’en 1967, dĂ©but de la dictature des colonels, les synergies culturelles entre individus, associations et municipalitĂ©s prĂ©parent le terrain pour les Ă©volutions musĂ©ales, culturelles et idĂ©ologiques qui sont Ă©tablies aprĂšs 1975 quand les discussions sur la culture sont soulevĂ©es dans un climat dĂ©mocratique et europĂ©en. Les artistes sont des acteurs-clefs dans la dĂ©fense de la cause musĂ©ale puisqu’ils participent activement et avec enthousiasme Ă  la crĂ©ation de ces musĂ©es, en tant que donateurs originaires, selon l’expression de Jean Davallon 2006. 12Le projet de crĂ©ation en 1960 d’une pinacothĂšque municipale Ă  Ioannina, capitale de la rĂ©gion d’Épire au nord ouest de la GrĂšce, va nous permettre de percevoir les forces qui portent la crĂ©ation d’une nouvelle structure institutionnelle et culturelle Ă  destination des publics grecs. 2. Les artistes, promoteurs de la crĂ©ation des musĂ©es l’exemple de la pinacothĂšque de Ioannina, premier musĂ©e d’art contemporain de province en GrĂšce 13Les donations, de la part d’individus ou de groupes, tiennent une place centrale dans l’histoire de la crĂ©ation des musĂ©es d’arts plastiques lors des diffĂ©rentes Ă©tapes qui ont marquĂ© la transition de la GrĂšce vers un modĂšle occidental et europĂ©en aide amĂ©ricaine du Plan Marshall, dĂ©stabilisation politique, dictature des colonels 1967-1974, rĂ©tablissement de la dĂ©mocratie 1974/1975, entrĂ©e dans l’Union EuropĂ©enne 1981. Pour les premiers musĂ©es archĂ©ologiques du XIXe siĂšcle et la PinacothĂšque nationale, le rĂŽle des donations des particuliers des Ă©vergĂštes, en grec fut dĂ©terminant Kokkou, 1977 ; Voudouri, 2003. L’acte de donation des amateurs-collectionneurs s’inscrit dans une approche thĂ©orique de la construction des modernitĂ©s MatthiĂłpoulos, 2003. Le don – de jadis et d’aujourd’hui – fonctionne surtout comme un acte complĂ©mentaire de l’appareil d’État et de ses institutions. En ce sens, la donation est un acte politique qui engendre certains profits et prĂ©sente des enjeux divers au sein d’une sociĂ©tĂ© Davallon, 2006. 14Étant donnĂ© que les collections privĂ©es, princiĂšres ou autres, Ă©taient inexistantes en GrĂšce, les pinacothĂšques se sont créées suivant trois modes distincts 5 Outre le cas de la pinacothĂšque de Larissa, dĂ©jĂ  citĂ©, celle de Sparte a Ă©tĂ© créée suite Ă  la donat ... Ă  partir de la donation d’une collection d’un notable, de Grecs de la diaspora ou de personnes qui veulent offrir des Ɠuvres d’art Ă  leur lieu d’origine5 ; 6 A l’exemple des PinacothĂšques de Ioannina 1960, de Thessalonique 1966, de Kalamata 1962, de F ... grĂące aux actions menĂ©es par des sociĂ©tĂ©s ou associations culturelles locales, des groupes d’intellectuels et d’artistes, voire une personne assistĂ©e par d’autres6 , Ă  l’exemple de la pinacothĂšque de Rhodes créée en 1964 Ă  l’initiative d’AndrĂ©as Ioannou, Grec de la diaspora vivant aux Etats-Unis et rentrĂ© dans son pays natal ; 7 Par exemple le musĂ©e d’art graphique de T. Katsoulidis Ă  Messinia, musĂ©e monographique dĂ©diĂ© Ă  la ... enfin, en raison de la donation d’un artiste qui offre ses Ɠuvres Ă  la municipalitĂ© dont il est, le plus souvent, originaire7. 15Il existe d’ailleurs une rĂšgle implicite qui veut que les artistes exposant temporairement dans les pinacothĂšques y laissent une de leurs Ɠuvres afin d’enrichir les collections du musĂ©e. Par statut, la majoritĂ© des pinacothĂšques grecques se doivent d’ailleurs de promouvoir l’art grec, et en particulier les artistes locaux. 16Lors de la crĂ©ation d’institutions culturelles dans les villes grecques, l’argument territorial est largement utilisĂ©, mais l’argument de poids – qui constitue une expression identitaire et parfois mĂȘme nationaliste – est gĂ©oculturel Gravari-Barbas, 2005 ; Bailly et Beguin, 2001 le territoire compte parmi les symboles qui aident Ă  structurer les identitĂ©s collectives » Claval, 2003 92. Les pinacothĂšques d’art contemporain, institutions créées pour valoriser les arts plastiques, montrent l’évolution de la sociĂ©tĂ© locale et s’ajoutent aux lieux culturels d’un territoire, enrichissant les capacitĂ©s de ce dernier Ă  produire de nouveaux signes culturels. Un musĂ©e se distingue soit par son architecture traditionnelle, soit par son architecture imposante et moderne, comme le montrent les figures 1 et 3 Gilabert, 2004. De mĂȘme qu’une sculpture dans l’espace public ou une association culturelle sert de point d’accroche identitaire, symbolique et valorisant pour les citoyens, de mĂȘme le musĂ©e d’art contemporain frĂ©quentĂ© par le public peut entraĂźner la production de nouveaux signes culturels. Par ailleurs, les discours d’inauguration officielle permettent de mettre en valeur la ville et de prouver son importance au niveau national. Figure 3 DiversitĂ© architecturale des pinacothĂšques en GrĂšce a BĂątiment de la pinacothĂšque de Ioannina architecture nĂ©oclassique avec des influences locales d’Epire photo du BĂątiment nĂ©oclassique de l’annexe de la pinacothĂšque nationale Ă  Sparte Coumantarios pinacothĂšque photo du BĂątiment d’architecture Ă©clectique et nĂ©oclassique de la pinacothĂšque municipale de Thessalonique la villa Mordoh, situĂ©e dans secteur Est de la ville photo du BĂątiment neuf initialement destinĂ© Ă  la pinacothĂšque municipale de Thessalonique dans le quartier d’Ano Toumba photo du Source Photographies de C. Ntaflou. 8 Directeur de la pinacothĂšque nationale de 1949 Ă  1972, il Ă©tait aussi critique d’art, secrĂ©taire gĂ© ... 17Dans la crĂ©ation de la pinacothĂšque de Ioannina, le premier des musĂ©es d’art contemporain de province fondĂ© en GrĂšce, les bienfaiteurs, les artistes et les amateurs d’art jouent un rĂŽle important. À la fin des annĂ©es 1950, un groupe de personnes originaires – dans leur majoritĂ© – d’Épire forment une association qu’ils nomment les Amis de Ioannina » AdI, un club de lettrĂ©s, souvent des bourgeois et des gens originaires de familles illustres, sis dans la capitale. Parmi les personnalitĂ©s influentes de l’époque, tant dans le domaine des lettres que de la politique locale ou nationale, qui vont jouer un rĂŽle fondamental dans la crĂ©ation du musĂ©e de Ioannina se trouvent Marinos Kalligas 1906-1985, directeur de la PinacothĂšque nationale8 PN, et le peintre Costas Malamos 1913-2007 qui habitait Ă  AthĂšnes mais a tout fait pour aider son lieu d’origine, l’Épire, sa petite patrie. 9 A. Procopiou 1909-1967, historien inspirĂ© du matĂ©rialisme historique, fut le premier Ă  Ă©crire une ... 18DĂšs sa crĂ©ation donc, l’association AdI a dĂ©cidĂ© de fonder une pinacothĂšque Ă  Ioannina PI. Les principaux acteurs de cette institution se mettent d’abord Ă  la recherche d’un toit et oeuvrent Ă  la constitution d’une collection ex nihilo. C. Malamos approche des artistes contemporains afin qu’ils offrent leurs Ɠuvres Ă  l’institution. Il convainc Ă©galement l’archevĂȘque Spyridon d’acheter 150 Ă  170 dessins des guerres balkaniques de Thalia Flora-Karavia pour en faire don Ă  la nouvelle institution. Une collection d’icĂŽnes que la municipalitĂ© d’Ioannina possĂ©dait constitue Ă©galement une base de collection d’art religieux. Vassili PyrssinĂ©las, premier maire de Ioannina depuis son annexion en GrĂšce en 1913, confie Ă  C. Malamos son souhait de donner toute sa collection Ă  la pinacothĂšque de la ville. De son cĂŽtĂ©, Angelos Procopiou, professeur d’histoire de l’art Ă  l’École nationale polytechnique d’AthĂšnes9, utilise les journaux et des Ă©missions radiophoniques pour donner une tribune Ă  la crĂ©ation de la pinacothĂšque de Ioannina. Au fur et Ă  mesure que l’association AdI dĂ©veloppe des actions en faveur de la pinacothĂšque et d’un musĂ©e d’art populaire, d’autres personnalitĂ©s et amateurs d’art se proposent pour donner des Ɠuvres. MĂȘme si l’association rencontre Ă  l’époque des difficultĂ©s financiĂšres, elle pense son action en faveur de la rĂ©gion Ă©pirote et insiste sur le statut municipal de la PI, dĂ©montrant sa foi dans les pouvoirs politiques locaux et son souci des besoins culturels de la communautĂ© rĂ©gionale. 10 La multiplication des fouilles clandestines et la demande croissante des collectionneurs jouĂšrent u ... 19La pinacothĂšque ouvre finalement ses portes le 18 septembre 1960. Cet Ă©vĂ©nement s’accompagne d’une confĂ©rence, organisĂ©e Ă  l’AcadĂ©mie PĂ©dagogique de Zossimas. Costa Malamos y prononce un discours en dĂ©motique, donc dans une langue vernaculaire et non dans la langue officielle utilisĂ©e par l’État et lors des discours publics. Dans ce discours, C. Malamos ne cherche pas Ă  justifier la musĂ©ographie choisie pour l’exposition mais fait l’apologie de l’art grec, moderne et contemporain et des artistes dont le statut social et Ă©conomique demeure problĂ©matique. En effet, Costas Malamos appartient Ă  une gĂ©nĂ©ration qui a vĂ©cu la Seconde Guerre mondiale et la guerre civile durant lesquelles les artistes n’avaient pas toujours de quoi vivre Vyzantios, 1994. MĂȘme si, Ă  l’époque oĂč il se bat pour la crĂ©ation de la pinacothĂšque de Ioannina, il est un artiste reconnu, expose et a un public, mĂȘme s’il est trĂšs au fait de la situation du marchĂ© de l’art Ă  AthĂšnes, il ne vit pas encore de son art et est obligĂ©, pour vivre, d’enseigner les arts plastiques au prestigieux CollĂšge d’AthĂšnes. En dĂ©fendant les artistes et l’art contemporain, C. Malamos agit comme un acteur culturel engagĂ© en faveur de la crĂ©ation artistique contemporaine, et en sollicitant les artistes Ă  donner leurs Ɠuvres, il cherche Ă  crĂ©er une dynamique au sein du marchĂ© de l’art. Dans les annĂ©es d’aprĂšs-guerre, le marchĂ© de l’art, exclusivement athĂ©nien, est inexistant pour la peinture contemporaine MatthiĂłpoulos, 2002. Le systĂšme artistique marchand, l’importance donnĂ©e aprĂšs la guerre Ă  la fondation de musĂ©es archĂ©ologiques ainsi qu’aux fouilles archĂ©ologiques10 et les commandes publiques pour les sculptures ont entrainĂ© une situation dĂ©favorable aux peintres qui avaient pourtant leur public restreint, intellectuel et souvent bourgeois. En raison des conditions difficiles pour les expositions d’art et le marchĂ© artistique, C. Malamos caractĂ©rise son effort de recherche d’Ɠuvres pour la pinacothĂšque de Ioannina comme une croisade. Pour les mĂȘmes raisons, il croit que l’art prendra de la valeur par le biais des musĂ©es d’art contemporain. D’ailleurs, ses appels Ă  la donation envers le monde des artistes ont créé un effet considĂ©rable au sein de l’École supĂ©rieure des beaux-arts d’AthĂšnes, puisque le corps enseignant s’est mobilisĂ© et a donnĂ© des Ɠuvres les sculpteurs Yannis Pappas 1913-2005, Costas DĂ©mĂ©triadĂšs 1881-1943, Antonis Sochos 1888-1975, le peintre et graveur Costas Grammatopoulos 1916-2003, par exemple. Ces appels Ă  donation contribueront au renforcement des activitĂ©s culturelles qui soutiennent l’éducation et la culture de l’esthĂ©tique. 20Dans ce discours de 1960, C. Malamos souligne aussi l’importance de la ville de Ioannina, qui est la premiĂšre ville de province Ă  acquĂ©rir un musĂ©e d’arts plastiques. Elle n’est pas une institution consacrĂ©e Ă  l’art en gĂ©nĂ©ral mais Ă  l’art grec contemporain, c’est-Ă -dire aux artistes. C’est pour cette raison que la PI, aux yeux de Malamos et d’autres membres du monde de l’art, n’est pas juste un premier musĂ©e d’arts plastiques en province, mais une preuve que l’art vivant existe en GrĂšce, dans tout le pays. Elle est la preuve que les villes de province autant que les artistes revendiquent une vie culturelle et un Ă©quilibre du marchĂ© de l’art entre AthĂšnes et les centres urbains de province. À la mĂȘme Ă©poque pourtant, Marinos Kalligas, directeur de la PinacothĂšque nationale, menait ses propres efforts pour la construction d’un bĂątiment pour le musĂ©e national d’art et les expositions partielles des collections de la pinacothĂšque au palais de Zappeio Ă  AthĂšnes. A Thessalonique, les amateurs d’art Ă©taient aussi quasi inexistants Skaltsa, 1986, ce qui ne permettait pas aux nombreux artistes de l’aprĂšs-guerre de vivre de leur art PolĂšre, 2008. Or, dans cette ville de Thessalonique aussi, les artistes, intellectuels et associations culturelles ont pris en charge le mouvement artistique et la crĂ©ation des musĂ©es et autres lieux dĂ©diĂ©s Ă  l’art. DerriĂšre la fondation de la pinacothĂšque de Ioannina et d’autres villes, nous sentons donc les diffĂ©rentes forces de crĂ©ation » Ă  l’oeuvre pour fonder une institution destinĂ©e, notamment, Ă  la peinture les conditions Ă©conomiques et sociales, le besoin de communication entre artistes et publics et le sens d’émulation entre villes au niveau culturel. 21L’apport des artistes dans l’aventure de la crĂ©ation de la premiĂšre pinacothĂšque de province est ainsi marquant. En 1969, date de la concession de la collection Ă  l’État, on compte 50 donateurs/artistes et 9 donateurs/collectionneurs. En donnant des oeuvres Ă  la nouvelle pinacothĂšque de Ioannina, les artistes agissaient aussi pour leur propre avenir, en dĂ©fendant leur rang professionnel et leur statut social Liot, 2004, mĂȘme si dĂšs 1944, la crĂ©ation de la Maison des artistes avait commencĂ© Ă  contribuer Ă  l’établissement du statut professionnel de l’artiste MatthiĂłpoulos, 2005. Par ailleurs, C. Malamos, toujours dans son discours de 1960, remercie deux reprĂ©sentants du monde de l’art et, Ă  travers eux, l’archĂ©ologie, discipline Ă©tablie depuis le XIXe siĂšcle, et l’histoire de l’art, une discipline naissante en GrĂšce. Il remercie donc l’archĂ©ologue S. Dakaris, premier directeur de la PinacothĂšque d’Ioannina, une personnalitĂ© prestigieuse qui donnait de l’importance Ă  la nouvelle institution compte tenu des fouilles qu’il avait menĂ©es Ă  Dodone, enrichissant ainsi l’imaginaire des IoannitĂšs sur leurs origines. C. Malamos remercie Ă©galement l’historien d’art Marinos Kalligas, ami personnel du peintre, dĂ©montrant ainsi que les institutions artistiques avancent souvent par rĂ©seaux personnels, ami qui considĂšre la PinacothĂšque de Ioannina comme une soeur cadette » de la pinacothĂšque nationale dont il est le directeur. 11 TirĂ© d’un discours du prĂ©sident du Conseil Municipal, D. Giotitsas en 1997. Que Mr Giotitsas soit r ... 22Le retentissement de cette inauguration de la PI dans les autres villes de province Thessalonique, Rhodes, KalamĂĄta, Chios est significatif des mouvements de l’époque en faveur la crĂ©ation artistique. L’art contemporain et le musĂ©e sont relativement bien accueillis par la presse et le public. Le rĂ©seau mis en place par l’association AdI afin que la crĂ©ation de la pinacothĂšque soit connue de tous les citoyens grecs, et surtout des artistes, a fonctionnĂ©. Cependant, les difficultĂ©s Ă©conomiques de l’association fondatrice et de la municipalitĂ© de Ioannina ont eu comme rĂ©sultat la donation de la pinacothĂšque et de ses collections Ă  l’État en 1969. Une partie des collections est alors exposĂ©e au musĂ©e archĂ©ologique de la ville de Ioannina. Le sujet d’un bĂątiment qui serait rĂ©servĂ© Ă  la pinacothĂšque est envisagĂ© aprĂšs 1975, et ne sera rĂ©alisĂ© qu’en 2000. Les acteurs qui participent cette fois au projet sont des conseillers municipaux et des maires, toujours avec l’aide active et les conseils de Costa Malamos. Le financement de la rĂ©habilitation du bĂątiment qui accueille aujourd’hui la pinacothĂšque – l’hĂŽtel PyrsinnĂ©las – a Ă©tĂ© principalement pris en charge par la Banque Agricole et des entreprises de la rĂ©gion d’Épire. Les personnes impliquĂ©es dans l’histoire de la pinacothĂšque de Ioannina – et surtout dans les longues dĂ©marches pour la rĂ©ouverture en 2000 – ont toujours agi dans l’idĂ©e que la ville de Ioannina, ville de lettres, d’arts et de lĂ©gendes, mĂ©rite de possĂ©der sa propre pinacothĂšque »11. 3. Le dĂ©veloppement des pinacothĂšques de province en GrĂšce 23Thessalonique, dans les annĂ©es 1960, revendique aussi son identitĂ© culturelle et territoriale. Les projets culturels d’associations telle l’association TĂ©chnĂ©, les constructions d’architecture moderne tel le musĂ©e archĂ©ologique et le palais de la SociĂ©tĂ© d’études macĂ©doniennes, le dynamisme croissant de la municipalitĂ© pour la mise en valeur culturelle de la ville amĂšnent ainsi Ă  la fondation de la pinacothĂšque municipale en 1966. Thessalonique prĂ©sente des similitudes avec le cas de Ioannina car leur rĂ©gion respective, l’Épire et la MacĂ©doine, expĂ©rimente des problĂšmes urbanistiques et Ă©conomiques semblables. Les derniĂšres guerres – mondiale et civile – ont laissĂ© des traces considĂ©rables destructions et dĂ©placements des villages entiers Collard, 1993, sĂ©parations de familles de part et d’autre d’une frontiĂšre, vagues d’immigration, terres Ă  l’abandon, divisions sociales et idĂ©ologiques Tsoucalas, 1984, exode rural vers la capitale de la rĂ©gion. La SociĂ©tĂ© d’études macĂ©doniennes SEM a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1939 et fut un modĂšle pour la SociĂ©tĂ© d’études Ă©pirotes, fondĂ©e en 1955. Thessalonique et Ioannina ont ainsi collaborĂ©, dans un climat de formation et de renforcement de l’identitĂ© locale et de la crĂ©ation artistique. Le tissage de liens et de rĂ©seaux culturels est donc dense. Par ailleurs, les instances pour le dĂ©veloppement touristique de ces villes — la politique, l’intelligentsia et l’économie, les trois agents principaux pour la crĂ©ation et le dĂ©veloppement des musĂ©es en GrĂšce — participent aux projets d’ouverture de musĂ©es d’arts plastiques. 24La pinacothĂšque, en tant qu’institution dissĂ©minĂ©e dans toute la GrĂšce depuis 1960, reste en consĂ©quence le lieu par excellence de la formation et de la projection de l’identitĂ© d’une ville, fondĂ©e notamment sur les mythes urbains et nationaux qui l’accompagnent depuis la crĂ©ation de l’État, tels la supĂ©rioritĂ© culturelle grecque, l’importance du passĂ© classique d’AthĂšnes ou de l’évergĂ©tisme donations. Ioannina est souvent considĂ©rĂ©e comme une ville des lettres et des arts car elle a connu un dĂ©veloppement politique considĂ©rable lors de l’époque ottomane et un dĂ©veloppement intellectuel lors de ce qu’on appelle les LumiĂšres grecques XVIIIe-XIXe siĂšcles. En raison de son passĂ©, la ville cherche Ă  acquĂ©rir une place de niveau national Ă  l’époque contemporaine. Son dĂ©veloppement culturel et touristique signifie que la ville continue, d’une certaine maniĂšre, la tradition d’appui Ă  la culture. Elle acquiert ainsi une rĂ©putation nationale, tant pour ses musĂ©es d’arts plastiques, aujourd’hui nombreux, que pour son comportement ouvert envers les arts et les lettres, dont l’habitude des donations est, aux yeux d’un Épirote, la plus significative. 25La ville de Thessalonique fut durant l’époque ottomane un carrefour des cultures et de l’économie. Cherchant une image de son passĂ© qui lui est propre, elle revendique une identitĂ© distincte en lettres et en art. Sa pinacothĂšque municipale, comme ses nombreux musĂ©es contemporains, participent Ă  la mise en valeur de la crĂ©ation artistique de la GrĂšce du nord et d’une scĂšne artistique rĂ©gionale, balkanique et europĂ©enne. La SociĂ©tĂ© d’études macĂ©doniennes, l’association TĂ©chnĂ© fondĂ©e en 1952, la municipalitĂ© et divers autres acteurs culturels tiennent leur part dans ce travail sur l’identitĂ© de cette ville du nord de la GrĂšce. Thessalonique a toujours soutenu les artistes de la ville, de MacĂ©doine et de Thrace, artistes de Thessalonique » que la pinacothĂšque municipale met en valeur par une musĂ©ographie dĂ©diĂ©e au sein de son nouveau bĂątiment d’exposition figure 4. Ainsi, pour cette ville, sa distinction culturelle et artistique se fait aussi en opposition Ă  la crĂ©ation artistique d’AthĂšnes, mĂȘme si durant les premiers efforts d’organisation d’une vie culturelle dans les annĂ©es 1950, AthĂšnes a servi de modĂšle Ă  Thessalonique, notamment Ă  travers les artistes qui y avaient Ă©tĂ© formĂ©s et avaient profitĂ© de la vie culturelle et artistique de la capitale. Figure 4 Collection d’artistes originaires de Thessalonique et de MacĂ©doine exposĂ©s dans le nouveau bĂątiment de la pinacothĂšque de Thessalonique Ă  Ano Toumba Le choix d’Ɠuvres et l’étude musĂ©ographique ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par Nicolas Lorimy et CharĂĄ ThĂ©ophanous. Source Photographies de C. Ntaflou du 26En GrĂšce, la pinacothĂšque fonctionne en gĂ©nĂ©ral comme une source de fiertĂ© pour la sociĂ©tĂ©, les citoyens et notamment la bourgeoisie, puisqu’elle est un signe de modernitĂ©. Elle donne aussi une valeur artistique et une valeur marchande aux crĂ©ations des artistes contemporains il est gĂ©nĂ©ralement admis que la prĂ©sence d’Ɠuvres d’un artiste dans une pinacothĂšque est un facteur de valorisation de l’ensemble de ses Ɠuvres sur le marchĂ© de l’art, surtout si la pinacothĂšque est d’envergure nationale. Inversement, la prĂ©sence d’Ɠuvres d’artistes contemporains dans une pinacothĂšque met en valeur le rĂŽle de l’institution musĂ©ale dans le monde de l’art grec. Aujourd’hui, Ă  travers la programmation d’expositions, la pinacothĂšque prend souvent part aux enjeux contemporains de construction et dĂ©constructions d’identitĂ©s artistiques, par le biais des objets qu’elle expose, tout comme elle sert encore largement d’institution symbolique, identitaire, valorisante et Ă©ducative. 27Ceux qui formaient la vie culturelle et artistique des annĂ©es 1960 Ă©taient des patriotes cosmopolites de la capitale, de la petite patrie, du monde, qui agissaient selon leurs idĂ©aux et les tendances culturelles de leur Ă©poque. Le mouvement artistique de la GrĂšce d’alors passait par la capitale. Le collectionneur-amateur et donateur de la ville de Larissa, Georges I. Katsigras, achetait ses tableaux auprĂšs des commerçants d’AthĂšnes dans les annĂ©es 1950-1960. Les galeries créées Ă  AthĂšnes organisaient des expositions dans des Ăźles ‒ par exemple Ă  Hydra ‒ pour des raisons de prestige et d’attraction touristique. L’essentiel, pourtant, passait par AthĂšnes, ce qui changea progressivement Ă  partir des annĂ©es 1980. Cette dĂ©cennie marquera l’ouverture autant des musĂ©es d’art municipaux que de musĂ©es privĂ©s, ce qui se traduira dans les annĂ©es 1990 par une multiplication des lieux publics d’exposition et un dĂ©veloppement significatif du monde de l’art de GrĂšce. Conclusion 28La fondation de musĂ©es d’art contemporain dans les villes de province en GrĂšce a contribuĂ© Ă  donner Ă  chacune d’entre elles une importance dans la hiĂ©rarchie urbaine et une identitĂ© culturelle propre. C’est dans un cadre d’attachement Ă  la fois au passĂ© Ă©loignĂ© et au passĂ© rĂ©cent que le monde des arts et des lettres – des patriotes aussi – dĂ©cide de crĂ©er des musĂ©es oĂč l’art contemporain sera exposĂ©. Cette volontĂ© de crĂ©er des musĂ©es d’art contemporain est liĂ©e aux Ă©volutions que les artistes souhaitaient dans leur art et dans leur statut social, quitte Ă  ĂȘtre initiateurs de plusieurs de ces musĂ©es. Le dĂ©sir des villes d’appuyer leur renouveau se sent Ă©galement dans les crĂ©ations d’institutions qui exposent essentiellement de l’art grec, moderne et contemporain. 29La crĂ©ation des premiĂšres pinacothĂšques de province est aussi une consĂ©quence de l’aide financiĂšre que les Etats-Unis ont apportĂ© Ă  la GrĂšce en vue d’éviter l’expansion communiste dans cette zone du monde. Les gouvernements amĂ©ricains ont soutenu des expositions artistiques Ă  AthĂšnes ou les voyages aux États-Unis d’artistes grecs et de professeurs d’histoire de l’art. Sous une autre forme d’intervention, la fondation Ford a offert des bourses Ă  des artistes et a soutenu des manifestations artistiques d’avant-garde dans les annĂ©es 1960. Le besoin de dĂ©veloppement touristique, qui allait de pair avec l’extension Ă  toute la GrĂšce des constructions publiques d’hĂŽtels, accompagne aussi les efforts de crĂ©ation de pinacothĂšques en province. La nĂ©cessitĂ© du changement s’explique Ă©galement par les conditions socio-Ă©conomiques taux d’immigration Ă©levĂ© et les besoins de la classe bourgeoise Ă  s’attacher aux institutions culturelles europĂ©ennes de leur rang. Les musĂ©es d’art contemporain sont, enfin, liĂ©s au dĂ©veloppement de l’histoire de l’art comme discipline, Ă  la multiplication d’écoles des beaux-arts et au dĂ©veloppement du marchĂ© artistique, et pas simplement Ă  la dĂ©mocratisation de la culture des Ă©lites. Ce besoin se fait fermement sentir dans les annĂ©es 1980, quand les esprits se tournent vers la notion de dĂ©mocratie culturelle, donc de polyphonie culturelle ». 30Dans un pays comme la GrĂšce, riche en antiquitĂ©s archĂ©ologiques et byzantines, la projection identitaire par le biais du patrimoine historique ne manque jamais d’ĂȘtre Ă  l’ordre du jour de la politique officielle Mouliou, 1994. Les arts plastiques ont, quant Ă  eux, Ă©tĂ© plutĂŽt protĂ©gĂ©s et mis en valeur par des individus Mertyri, 2000. Parler des pinacothĂšques, premiers musĂ©es d’arts plastiques ouverts au public en GrĂšce, signifie les Ă©tudier Ă  diffĂ©rentes Ă©chelles, provinciale, rĂ©gionale et nationale. TrĂšs peu de ces musĂ©es, souvent municipaux, ont acquis une importance au niveau europĂ©en et international, car leurs stratĂ©gies de dĂ©veloppement et leur politique de gestion ne leur ont pas donnĂ© l’occasion de mettre en valeur leurs collections. 31Ces musĂ©es sont consacrĂ©s aux arts plastiques, mais ils n’ont pas Ă©tĂ© suffisamment envisagĂ©s comme des institutions propres Ă  promouvoir l’art et l’esthĂ©tique. Le statut municipal des musĂ©es d’art créés dans les annĂ©es 1960-1980 a eu comme consĂ©quence une dĂ©pendance vis-Ă -vis des instances locales et des pouvoirs politiques. Leur action de promotion du caractĂšre culturel local, tant par la formation de collections d’artistes locaux qu’en nĂ©gligeant de fonctionner Ă  une Ă©chelle nationale, par la publicitĂ© ou par des collaborations, ne leur attribue qu’une faible importance dans le dĂ©veloppement du monde de l’art grec. 32Leur multiplication Ă  partir des annĂ©es 1990, ainsi que la fondation de plusieurs musĂ©es privĂ©s, a changĂ© cette situation. Certains de ces musĂ©es ont atteint une audience au niveau europĂ©en par le biais de quelques collaborations avec des institutions Ă©trangĂšres analogues. Aujourd’hui, en raison de la crise financiĂšre, politique et sociale du dĂ©but du XXIe siĂšcle et de leur dĂ©pendance toujours importante vis-Ă -vis des municipalitĂ©s, ces musĂ©es sont entrĂ©s dans une phase de grande prĂ©caritĂ©.

EleniStavrou (née le 4 juillet 1975) de Stavros Stavrou et Androulla Xenophontos est membre du Rassemblement démocratique de la Chambre des représentants de Chypre pour la circonscription de Limassol. Elle a étudié la littérature anglaise à l'Université nationale et kapodistrienne d'AthÚnes et a obtenu une maßtrise en études sur la guerre et la Méditerranée

Accueil ‱Ajouter une dĂ©finition ‱Dictionnaire ‱CODYCROSS ‱Contact ‱Anagramme Ville de la PolynĂ©sie Française — Solutions pour Mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s Recherche - Solution Recherche - DĂ©finition © 2018-2019 Politique des cookies.
Histoiredu texte. Connue d’abord par des fragments, puis par un papyrus qui donnait la quasi totalitĂ© du texte, dĂ©couvert en 1879, la Constitution des AthĂ©niens faisait partie des 158 Constitutions rassemblĂ©es par les Ă©lĂšves d’Aristote sur l’ordre du MaĂźtre ; elle fut immĂ©diatement attribuĂ©e Ă  Aristote lui-mĂȘme. Accueil ‱Ajouter une dĂ©finition ‱Dictionnaire ‱CODYCROSS ‱Contact ‱Anagramme Barde de la GrĂšce antique — Solutions pour Mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s Recherche - Solution Recherche - DĂ©finition © 2018-2019 Politique des cookies. CIRCONSCRIPTIONADMINISTRATIVE DE LA GRÈCE ANTIQUE. - 4 Lettres - Mots-CroisĂ©s & Mots-FlĂ©chĂ©s et Synonymes Circonscription administrative de la GrĂšce antique. — Solutions pour Mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s Cliquez sur un mot pour dĂ©couvrir sa dĂ©finition. D'autres dĂ©finitions intĂ©ressantes Circonscription administrative Ă  l'Ă©poque carolingienne
Accueilmots croisĂ©srecherche par dĂ©finition Rechercher dans le dictionnaire Solutions pour les mots croisĂ©s et les mots flĂ©chĂ©s DĂ©finition Lettre connue Utilisez la barre espace en remplacement d'une lettre non connue Solution pour la rĂ©solution de "il rejette toute autoritĂ©" Dictionnaire et dĂ©finitions utilisĂ©s DĂ©finition 93 mots associĂ©s Ă  il rejette toute autoritĂ© ont Ă©tĂ© trouvĂ©. Lexique aucune lettre connue saisie RĂ©sultat 1 mots correspondants DĂ©finition et synonyme en 3 Ă  13 lettres ANAR4 lettresNom commun anar masculin singulier1. Adepte de l'anarchie, Ă  savoir qui refuse l'autoritĂ© et les conventions rejette toute autoritĂ©Adversaire de l'Ă©tatAnarchiste populaireSans dieu, ni maĂźtreLibertaireIl refuse son Ă©tatIl a un drapeau noirFauteur de troubleContre le pouvoir NIE3 lettresRejetteManque de reconnaissanceRĂ©fute en blocRefuse de reconnaĂźtre la vĂ©ritĂ©RĂ©cuseNe veut pas reconnaĂźtre sa fauteNe tombe pas d'accordDĂ©cline une invitation Ă  se mettre Ă  tableContesteClame son innocence ETAT4 lettresAutoritĂ© souveraineConditionA ses affaires et ses secretsNationFaçon d'ĂȘtrePatron des fonctionnairesSon chef est le prĂ©sident MUTINS6 lettresQui sont en rĂ©volte contre l'autoritĂ© DEPENDS7 lettresRelĂšves d'une autoritĂ© DIOCESE7 lettresTerritoire religieux sous l'autoritĂ© d'un Ă©vĂȘqueCirconscription d'un Ă©vĂȘque DOMINER7 lettresTenir sous son autoritĂ© REBELLES8 lettresQui sont en rĂ©volte contre l'autoritĂ© ORTHODOXE9 lettresChrĂ©tien rejetant l'autoritĂ© du pape RECUSATION10 lettresRejet de l'autoritĂ© SEDITIEUSE10 lettresQui sont en rĂ©volte contre l'autoritĂ© PROTESTANT10 lettresNom commun protestant masculin singulier1. Religion ChrĂ©tien qui se rĂ©clame d'un des groupements issus de la RĂ©forme du 16Ăš siĂšcle. Les protestants d' rejetant l'autoritĂ© du pape IMPATRONISER12 lettresS'Ă©tablir avec autoritĂ© quelque part et s'y imposer en maĂźtre ERE3 lettresToute une Ă©poqueBon nombre de siĂšclesAccumulation de cyclesCourse de cyclesC'est une question de tempsCouvre parfois plusieurs siĂšclesUne pĂ©riode historiqueUne Ă©poque historiqueTranche de tempsTemps sans commune mesureDes siĂšcles et des siĂšclesSes jours ne se comptent pasRĂ©fĂ©rence gĂ©ologiquePoint de dĂ©part d'une chronologie particuliĂšrePeut ĂȘtre primaire, secondaire ou tertiaireLongue pĂ©riode de vie sur terreLe temps du gĂ©ologueGrande pĂ©riodeElle ne manque pas de lustresDivision du temps passĂ© ZEN3 lettresPrĂ©nom Zen FĂ©mininOn le reste en toute sĂ©rĂ©nitéécole religieuseSereinSecte bouddhiqueSans rĂ©action au japonImpassibleĂ©cole bouddhisteCoolCalme VITE4 lettresToponyme Vite Inde villeAdverbe vite invariableĂ  toute vapeurSans lambinerĂ  plein gaz IDEAL5 lettresLe mari que toute femme rechercheOptimalLe rĂȘve absolu DOREE5 lettresToute bronzĂ©eRichement colorĂ©e USAGEE6 lettresPlus toute neuve OPIACE6 lettresToute substance semblable Ă  l'opiumSoporifique et calmantMorphinique PEINTE6 lettresToute colorĂ©eA pris des couleurs
CirconscriptionAdministrative Grecque En 4 Lettres Circonscription Grecque Antique Circonscription Grecque Ancienne Circonscription Rurale Ancienne Circonscription Federale Du Manitoba Circonscription Ecclesias Circonscription D Un Eveque Circonscription Dun Eveque Circonscription Religieuse Circonscription Administrative Dune Cite En Grece
journal article DÉMÉTRIOS J. LAZARIDIS 1917-1985 Revue ArchĂ©ologique Nouvelle SĂ©rie, Fasc. 2 1985, pp. 301-304 4 pages Published By Presses Universitaires de France Read and download Log in through your school or library Read Online Free relies on page scans, which are not currently available to screen readers. To access this article, please contact JSTOR User Support. We'll provide a PDF copy for your screen reader. With a personal account, you can read up to 100 articles each month for free. Get Started Already have an account? Log in Monthly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 10 article PDFs to save and keep $ Yearly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 120 article PDFs to save and keep $199/year Purchase a PDF Purchase this article for $ USD. Purchase this issue for $ USD. Go to Table of Contents. How does it work? Select a purchase option. Check out using a credit card or bank account with PayPal. Read your article online and download the PDF from your email or your account. Preview Preview Journal Information La Revue archĂ©ologique est l’un des plus anciens pĂ©riodiques scientifiques français. D’abord surtout consacrĂ©e au territoire national, elle s’est peu Ă  peu concentrĂ©e sur l’AntiquitĂ© classique. Seule revue française d’archĂ©ologie restĂ©e gĂ©nĂ©raliste, elle s’ouvre Ă  toutes les facettes des mondes grec et romain, de l’IbĂ©rie Ă  l’Asie centrale en passant par la Gaule sculpture, peinture et cĂ©ramique, petits objets, architecture, urbanisme, problĂšmes gĂ©ographiques, historiques et sociaux liĂ©s Ă  l’archĂ©ologie, et souvent abordĂ©s par le biais de l'Ă©pigraphie ou des textes anciens grecs et latins. L’histoire de l’art traditionnelle peut alors cĂŽtoyer l’archĂ©othanatologie, la prĂ©sentation d’un nouveau musĂ©e ou d’un site Internet. L'actualitĂ© est suivie dans de nombreux comptes rendus de livres, dans le Bulletin annuel de la SociĂ©tĂ© française d'archĂ©ologie classique, avec les rĂ©sumĂ©s des confĂ©rences mensuelles de cette sociĂ©tĂ©, et dans des chroniques bibliographiques, dont celle des verres grecs et romains et le Bulletin d’architecture du monde grec. AssistĂ© par un ComitĂ© scientifique international composĂ© de 12 spĂ©cialistes reconnus d’Allemagne, d’Espagne, de Grande-Bretagne, de GrĂšce, d’Italie et de Russie, le comitĂ© de lecture de la Revue archĂ©ologique se rĂ©unit deux fois par an, au rythme des deux fascicules annuels, et se prononce sur les nouveaux manuscrits aprĂšs avoir entendu trois rapports. Les seuls critĂšres de sĂ©lection sont le trĂšs haut niveau scientifique et l’originalitĂ©, sans exclusive Ă©pistĂ©mologique, puisque cette revue ne reprĂ©sente aucune institution ni Ă©cole. Servie par une illustration de qualitĂ©, la publication se fait en français de prĂ©fĂ©rence, mais l’anglais, l’allemand, l’italien ou l’espagnol sont acceptĂ©s. Publisher Information Founded in 1921, consolidated in the '30s by merging with three editors of philosophy Alcan, history Leroux and literature Rieder, Presses Universitaires de France today organize their publications around the following lines of force research and reference collections, journals, book collections, and essay collections. Rights & Usage This item is part of a JSTOR Collection. For terms and use, please refer to our Terms and Conditions Revue ArchĂ©ologique © 1985 Presses Universitaires de France Request Permissions
Solon arbitre social. Solon est choisi comme arbitre par les diffĂ©rentes classes sociales de la ville d'AthĂšnes et de sa rĂ©gion, l'Attique (une presqu'Ăźle de la mer ÉgĂ©e grande comme le Luxembourg actuel). Quand il devient archonte (gouvernant), en 594 av. J.-C., la citĂ© est au bord de l'explosion sociale. Les riches Eupatrides ont fini

RĂ©sumĂ© Plan Texte Notes Citation Auteurs RĂ©sumĂ©s Le premier martyr de la cause protonationale grecque, Rigas Velestinlis, exĂ©cutĂ© Ă  Belgrade par les Ottomans en 1798, a rĂ©alisĂ© en 1797 Ă  Vienne la premiĂšre carte moderne en grec de la GrĂšce. Cette carte est un manifeste politique, oĂč Rigas tente de visualiser l’espace sur lequel il veut crĂ©er un État hellĂ©nique Ă  la fois unitaire et supranational, comprenant tous les Balkans, les principautĂ©s danubiennes et la GrĂšce d’Asie mineure. La mise en Ă©vidence du caractĂšre hellĂ©nique de cet Ă©norme espace se fait par le recours Ă  l’histoire la carte dresse l’état des lieux oĂč la prĂ©sence grecque est attestĂ©e par la mythologie et l’histoire depuis les temps les plus anciens. À l’heure oĂč les Habsbourg et les Russes affirment leurs prĂ©tentions Ă  la succession de l’Empire ottoman, Rigas, encouragĂ© par la prĂ©sence française dans les Ăźles Ioniennes, annonce la candidature de la GrĂšce Ă  cette succession. Rigas’s Map of Greece and the Name of GreeceThe first martyr of the protonationalist Greek cause, Rigas Velestinlis, executed in Belgrade by the Ottomans in 1798, drew up the first modern map of Greece in Greek at Vienna in 1797. This map is a political manifesto, in which Rigas attempted to visualize the space in which he yearned to create an Hellenic state both unified and supranational, comprising all the Balkans, the Danube princedoms and the Greek lands of Asia Minor. The Hellenic character of this vast territory is underscored by historical reference, the map showing all the places where a Greek presence is attested by mythology or history since the earliest times. At a period when the Hapsburgs and the Russians were asserting their claims to the succession of the Ottoman Empire, Rigas, encouraged by the presence of the French in the Ionian islands, announced that Greece too was a candidate to this succession. La carta della Grecia e il nome della GreciaIl primo martire della causa nazionale greca, Rigas Velestinlis, giustiziato a Belgrado dagli Ottomani, ha realizzato nel 1797 a Vienna la prima carta moderna della Grecia. Questa carta Ăš un manifesto politico nel quale Rigas tenta di visualizzare lo spazio sul quale vuole creare uno Stato ellenico nello stesso tempo unitario e supranazionale che includa gli interi Balcani, i principati danubiani e la Grecia d’Asia Minore. La messa in evidenza del carattere ellenico di quell’enorme area avviene mediante la storia la carte elenca i luoghi dove la presenza greca Ăš attestata dalla mitologia e dalla storia dai tempi piĂč remoti. Nell’ora in cui gli Asburgo e i Russi ribadiscono le loro pretese alla successione dell’Impero Ottomano, Rigas, incoraggiato dalla presenza francese nelle isole ionie, annuncia la candidatura della Gecia a questa successione. El primer mĂĄrtir de la causa protonacionalista griega, Rigas Velestinlis, matado en Belgrado por los otomanes en 1798, realizĂł en Viena la primera mapa de Grecia en Griego. Este mapa aparece como un manifiesto polĂ­tico, donde Rigas intenta una visualizaciĂłn del espacio donde quiere crear un estado helenĂ­stico a la vez unitario, supranacional, incluyendo los Balkans, los principados danubianos y la Grecia de Asia menor . El carĂĄcter helenistico de este importante espacio se justifica por la historia el mapa identifica los sitios donde la presencia griega esta atestada por la historia y la mitologĂ­a desde los tiempos los mĂĄs antiguos. Incitado por la presencia francesa en las islas jonias, Rigas afirma las pretensiones de Grecia cuando los Habsbourg y los rusos pretenden a la sucesiĂłn del imperio otoman. Rigas’ Karte von Griechenland und der Name erste MĂ€rtyrer der protonationalen griechischen Sache, Rigas Velestinlis, der 1798 in Belgrad von den Ottomanen erschossen wurde, hat 1797 in Wien die erste moderne in Griechisch verfaßte Karte Griechenlands verfertigt. Diese Landkarte ist ein politisches Manifest, wo Rigas versucht, den Raum sichtbar zu machen, auf dem er einen hellenischen, einheitlichen sowie supranationalen Staat grĂŒnden will Dieser soll den ganzen Balkan, die DonaufĂŒrstentĂŒmer und das Griechenland Kleinasiens einschließen. Um den hellenischen Charakter dieses Riesenraums offenbar zu machen, bedient sich Rigas der Geschichte Seine Karte verzeichnet alle Orte, wo die Anwesenheit der Griechen seit den Ă€ltesten Zeiten durch die Mythologie oder die Geschichte bezeugt ist. Zu einer Zeit, als die Habsburger und die Russen Anspruch auf die Erbschaft des ottomanischen Reiches erhehen, zeigt Rigas, durch die französische PrĂ€senz auf den ionischen Inseln ermutigt, daß sich auch Griechenland um diese Erbfolge de page Texte intĂ©gral 1En 1998, la GrĂšce a commĂ©morĂ© avec Ă©clat le bicentenaire de l’exĂ©cution par les Ottomans, le 25 juin 1798, de Rigas, premier martyr de la cause protonationale grecque1. Comme l’avait montrĂ© le trĂšs riche colloque d’AthĂšnes de 1987 sur La RĂ©volution française et l’hellĂ©nisme moderne2, le mouvement qui a abouti en 1830 Ă  l’indĂ©pendance de la GrĂšce rĂ©sulte d’une prise de conscience qui monte en puissance dans les trois derniĂšres dĂ©cennies du xviiie siĂšcle. Par sa formation et sa vie, Rigas en tĂ©moigne particuliĂšrement. 2Ce qui nous retiendra ici, c’est le fait que, parmi les nombreux documents que Rigas avait rĂ©alisĂ©s avec ses amis de la bourgeoisie grecque de Vienne [l’un des hauts lieux de la conscience hellĂ©nique Ă  cette Ă©poque3] afin de prĂ©parer un soulĂšvement en GrĂšce, il y a une carte, qui est un vĂ©ritable manifeste politique. C’est Ă  notre connaissance un cas unique exprimer par une carte un programme de libĂ©ration4. C’est ce programme que nous allons analyser. Cartouche de la carte de Rigas Charta tĂšs Ellados PrĂ©sentation 3Au milieu du xvie siĂšcle sans doute avant 1543, le Grec Nicolaos Sophianos rĂ©alise la premiĂšre carte de GrĂšce dessinĂ©e par un Grec, Totius Graeciae Descriptio. Comme son nom l’indique, cette carte est en latin, mais le cartouche comporte le mot Ellas. 250 ans plus tard, Rigas est le deuxiĂšme Grec Ă  rĂ©aliser une carte de la GrĂšce, qui cette fois est en grec, et qui s’intitule Charta tĂšs Ellados Rigas met le mot carte au fĂ©minin, ce qui est inhabituel en grec. 4L’aire de la carte de Sophianos est nettement plus vaste que celle de la GrĂšce propre, qui comprenait le PĂ©loponnĂšse, l’Attique, la Thessalie, l’Épire et les Ăźles de la mer ÉgĂ©e et Ioniennes ainsi que les colonies. Celle de Rigas est la mĂȘme, mais y ajoute les pays au nord du Danube. 5Dans sa communication au colloque de Delphes5, qu’il a trĂšs aimablement mise Ă  notre disposition, Georges Tolias distingue trois temps celui de Sophianos, celui de Rigas, et un troisiĂšme dans la pĂ©riode 1875-1915, concernant les cartes de GrĂšce de l’Association pour la diffusion des lettres grecques. Ce troisiĂšme temps correspond Ă  la poussĂ©e maximale de la Grande IdĂ©e Megali Idea, rĂȘve de reconstitution de l’Empire byzantin, en rĂ©alitĂ©, rĂȘve de l’unification des Balkans sous la domination des Grecs, dont la carte de Rigas est une expression en termes rĂ©volutionnaires6. Les trois phases correspondent Ă  des mouvements de diaspora, trait dont nous verrons l’importance. 6Qui est Rigas ? On le trouve nommĂ© Rigas ou Rhigas Velestinlis, de son village natal de Velestino Thessalie, ou Rigas Pheraios, du nom de la ville antique de PhĂšres, situĂ©e sur l’emplacement de Velestino. L’un des neuf plans de villes qu’il a mis sur sa carte est celui de PhĂšres le seul plan qu’il ait dessinĂ© lui-mĂȘme, juste Ă  cĂŽtĂ© du cartouche et au-dessus de celui d’AthĂšnes. 7Rigas est donc un Thessalien, nĂ© vers 1757 on en fait parfois un Valaque7. AprĂšs avoir enseignĂ© dans sa rĂ©gion natale, il se rend Ă  Constantinople, s’occupe de commerce, apprend le français, l’allemand et l’italien, et entre dans les milieux phanariotes. En 1785, il est au service d’Alexandre Ypsilanti et sĂ©journe Ă  Iassi, puis Ă  Bucarest. En aoĂ»t 1796, il s’installe Ă  Vienne et y demeure jusqu’à son dĂ©part pour Trieste en dĂ©cembre 1797. C’est dans cette pĂ©riode qu’il rĂ©alise sa carte. MĂȘme si elle a bĂ©nĂ©ficiĂ© de travaux prĂ©paratoires dans les PrincipautĂ©s Ă  Iassi et Bucarest, Rigas avait travaillĂ© Ă  des cartes de Moldavie et de Valachie, elle a cependant Ă©tĂ© faite trĂšs vite. Ce qui peut expliquer la prĂ©cipitation de ses travaux et son dĂ©part de Vienne, c’est la prĂ©sence française en Italie et dans les Ăźles Ioniennes les espoirs grecs entretenus depuis les annĂ©es 1770 par les Russes, ainsi que par les Habsbourg, ont Ă©tĂ© déçus et sont en train de se reporter sur les Français. 8Rigas quitte Vienne pour aller en GrĂšce avec un matĂ©riel destinĂ© Ă  prĂ©parer un soulĂšvement [carte, constitution, manuel militaire, portrait d’Alexandre, Thourios8]. DĂ©noncĂ© Ă  Trieste, il est arrĂȘtĂ© par les Autrichiens qui en mai 1798 le remettent aux autoritĂ©s ottomanes de Belgrade. Dans la nuit du 24 au 25 juin, Rigas et six de ses compagnons sont exĂ©cutĂ©s et jetĂ©s dans le Danube. L’évĂ©nement est connu – le Moniteur parle de l’arrestation9 –, Rigas est le premier martyr de la cause grecque moderne, et reconnu comme tel jusqu’à nos jours10. 9Le plan de Constantinople premiĂšre feuille, sortie Ă  Vienne en aoĂ»t 1796, la Thessalie et les PrincipautĂ©s danubiennes, surtout la Valachie autour de Bucarest, sont les points forts de la carte, liĂ©s Ă  sa propre vie. Deux de ces espaces, Constantinople et la Valachie, sont excentrĂ©s par rapport Ă  la GrĂšce proprement dite, celle de l’AntiquitĂ©, qui par les noms figurant sur la carte est son thĂšme central. 10Cette importance donnĂ©e Ă  des espaces pĂ©riphĂ©riques correspond Ă  l’idĂ©ologie des Phanariotes. Ils vivent au Phanar, quartier grec d’Istanbul, occupent le poste de grand drogman interprĂšte de la Porte dĂšs la fin du xviie siĂšcle, jouant ainsi un rĂŽle clef dans la politique extĂ©rieure de l’Empire ottoman, sont fortement liĂ©s au patriarcat qui rĂšgne sur l’orthodoxie dans l’Empire, et Ă  partir du dĂ©but xviiie sont hospodars gouverneurs des PrincipautĂ©s danubiennes – Valachie et Moldavie. Jusqu’aux annĂ©es 1810, douze familles se partagent l’hospodariat, dont neuf grecques, deux roumaines et une albanaise. Ces princes phanariotes sont liĂ©s Ă  la Russie et mĂšnent un double jeu, servant les projets grecs des tsars, surtout CatherineII ses petits-fils sont prĂ©nommĂ©s Alexandre et Constantin dans les annĂ©es 1770-1790. La Russie caresse alors l’idĂ©e d’un empire grec orthodoxe prenant la suite des Ottomans. C’est le cadre de la formidable extension donnĂ©e par Rigas Ă  l’espace hellĂ©nique sur lequel il envisage d’établir un État. Cet État dĂ©borde mĂȘme l’aire des Phanariotes, puisqu’il comprend la Bosnie, la Serbie et l’Albanie. 11Pour comprendre les buts de Rigas et introduire Ă  l’analyse de sa carte, il faut dire un mot de son projet d’État d’aprĂšs sa constitution, qui est le dĂ©calque des constitutions françaises de 1793 et 179511. C’est un État hellĂ©nique terme sur lequel on reviendra, dans lequel tous les citoyens sont Ă©gaux indĂ©pendamment de leur appartenance ethnique, de leur langue, de leur religion. C’est un État unitaire, un et indivisible. C’est l’idĂ©e d’un État qui comprend tout ce qu’on appelle les Balkans plus la future Roumanie. Cependant l’élĂ©ment grec y est dominant, aussi bien quant Ă  l’appartenance ethnique tout Grec, oĂč qu’il vive, est citoyen potentiel et Ă  la langue, qui sera celle de l’État et de la culture12. Aussi l’essentiel de cette carte, le cƓur de son message, est le fait qu’elle soit en grec et privilĂ©gie massivement le vocabulaire grec, les noms propres grecs et l’histoire grecque antique, la seule histoire – avec quelques Ă©lĂ©ments d’histoire romaine – prĂ©sente sur la carte avec une exception notable la dĂ©faite des Serbes Ă  la bataille du champ des Merles au Kossovo en 1389, transformĂ©e en victoire avec la mention du tombeau du sultan Mourad, parce que le chef des ennemis y a Ă©tĂ© tuĂ©. 12Le but de Rigas, c’est de transformer cet espace en territoire. Et cette transformation, il la tente par le dĂ©tour du passĂ©, du recours Ă  l’AntiquitĂ© grecque glorieuse. Nous ne pouvons donner ici que de brĂšves indications sur ce recours Ă  l’AntiquitĂ©, en soulignant que pour l’essentiel elle est due aux LumiĂšres françaises, notamment dans les PrincipautĂ©s danubiennes, oĂč l’enseignement de la langue et de la littĂ©rature française se dĂ©veloppe fortement dans la seconde moitiĂ© du xviiie siĂšcle. 13Mais surtout il y a la cartographie française. L’association ancien-moderne est un trait capital du xviiie siĂšcle français cela avait commencĂ© au xviie et mĂȘme au xvie. Comme l’a soulignĂ© Mireille Pastoureau, d’Anville considĂšre qu’une bonne carte moderne est une Ă©tape vers une bonne carte historique13. Comme nous le verrons, l’original de la carte de Rigas est Ă  chercher chez Guillaume Delisle. Mais plus prĂšs de Rigas, il y a une source directe et essentielle c’est l’édition en 1788 du Voyage du jeune Anacharsis, de l’abbĂ© BarthĂ©lemy, l’un des plus gros succĂšs de la fin du siĂšcle et du xixe14, dont Rigas Ă  Vienne traduit l’un des volumes sept en tout. Officiellement, la carte est faite pour illustrer cet ouvrage c’est indiquĂ© sur le cartouche. Rappelons que c’est le voyage d’un Scythe donc un Barbare, Anacharsis, en compagnie d’un noble thĂ©bain devenu esclave Ă  la suite d’une guerre, mais affranchi ; ils partent en 363 et reviennent en 338, date remarquable ChĂ©ronĂ©e, victoire de Philippe sur AthĂšnes-ThĂšbes, fin de la GrĂšce propre indĂ©pendante. L’itinĂ©raire dĂ©marre en CrimĂ©e, passe par Constantinople, la Thessalie, l’Épire, l’Attique, le PĂ©loponnĂšse et l’Asie Mineure donc exclut les PrincipautĂ©s, la MacĂ©doine, et les rĂ©gions Ă  l’ouest et au sud de Belgrade. Comme illustrateur en cartes du Voyage, il y a BarbiĂ© du Bocage, qui par son travail cartographique joue un rĂŽle clef dans l’émergence de la GrĂšce ancienne-moderne15. 14La carte de Rigas n’a guĂšre jouĂ© de rĂŽle aprĂšs sa publication, car elle a Ă©tĂ© victime de la rĂ©pression de 1798. Pourtant, les Grecs de Vienne y tenaient puisque Antime Gazi, desservant d’une paroisse orthodoxe de Vienne, en donne en 1800 une version simplifiĂ©e, mais avec la Grande GrĂšce et Chypre G. Tolias indique que c’est la premiĂšre fois que Chypre figure sur une carte de GrĂšce. Ce qui est curieux, c’est que BarbiĂ©, trĂšs liĂ© Ă  des gĂ©ographes grecs [dont Daniel PhilippidĂšs16] a eu connaissance de la carte d’Antime Gazi17, qui en est la copie, mais pas de celle de Rigas. 15RĂ©sumons les Ă©lĂ©ments de la question. 161 Une conscience hellĂ©nique de plus en plus vive depuis les annĂ©es 1770. D’abord liĂ©e aux Russes et aux Autrichiens, elle se tourne vers les Français, surtout lorsqu’ils prennent pied dans l’espace grec Ă  l’étĂ© 1797, avec l’expĂ©dition envoyĂ©e de Venise par Bonaparte pour prendre les Ăźles Ioniennes. 172 Une forte prĂ©sence des Grecs, mais Ă  la pĂ©riphĂ©rie de la GrĂšce propre. Constantinople, Bucarest, Iassi, Vienne, Trieste, Odessa, Marseille, etc. Il y a eu une Ă©norme Ă©migration de Thessalie et de MacĂ©doine au cours des xviie-xviiie siĂšcles. Constantinople Ă  la fin du xviiie siĂšcle a 700000 habitants, dont seulement 200000 Turcs. À cette Ă©poque AthĂšnes a entre 6000 et 8000 habitants. Salonique n’aura 72000 habitants qu’au milieu du xixe. Ces Grecs diasporiques s’enrichissent la marine de commerce se dĂ©veloppe fortement18, et l’inspiration intellectuelle puis politique française avive leur dessein de s’émanciper. 183 Quel sera le cadre de cette Ă©mancipation ? Au temps de Rigas, c’est celui de la conscience phanariote, c’est-Ă -dire celui de l’Empire ottoman qui n’est donc pas rĂ©pudiĂ© mais vouĂ© Ă  passer sous la direction des Grecs. Car les autres, Slaves et Roumains, sont peu avancĂ©s et alors peu connus en Europe occidentale mais au moment oĂč Rigas conçoit son projet d’État balkanique, la situation est en passe de changer les Serbes vont entrer en insurrection en 1804 et au dĂ©but du xixe siĂšcle les Phanariotes perdent la direction des PrincipautĂ©s danubiennes au profit d’autochtones, sous contrĂŽle russe. 19Ce que cherche donc Rigas, c’est Ă  signifier et Ă  spĂ©cifier comme hellĂ©nique un espace qui comprend bien d’autres Ă©lĂ©ments. Voyons comment la carte traduit ce projet. Carte de Rigas dimensions rĂ©elles – Partie centrale de la feuille 5 l’ouest de la Thessalie 1. L’Olympe – 2. Les Lapithes – 3. Les Centaures avec le nom des Karagounes – 4. L’Ossa avec la vallĂ©e du TempĂ© au-dessus – 5. Pharsale en dessous oĂč CĂ©sar a vaincu PompĂ©e » – 6. PhĂ©ra-Velestinos – 7. Le PĂ©lion – 8. Mileai ville natale de Gazi – 9. La localitĂ© de Hellas Les neuf points sont sĂ©lectionnĂ©s par les auteurs de l’article et n’ont qu’une valeur illustrative. Analyse de la carte 20Cette carte est un monument de 4 mĂštres carrĂ©s, divisĂ©e en douze feuilles19. Elle se prĂ©sente comme profuse et confuse. Son Ă©tude gĂ©ographique et historique dĂ©concerte mais permet de passer Ă  une lecture au second degrĂ© et d’avancer une problĂ©matique. On vient de dire que Rigas veut unifier ce qui ne l’est pas, et il apparaĂźt en effet que avec cette carte, exceptionnelle par sa surcharge, Rigas veut dĂ©montrer que cet espace est homogĂšne. Notre travail sera donc de dĂ©cortiquer » ce riche ensemble pour dĂ©gager les procĂ©dĂ©s qui veulent convaincre, et la volontĂ© politique qui est derriĂšre. Nous le ferons Ă  travers cinq Ă©clairages. Les Ă©lĂ©ments gĂ©nĂ©raux de la carte 21Si Rigas a pu faire en six mois un tel travail, c’est qu’il a pris comme matrice deux cartes de Guillaume Delisle20, intitulĂ©es Graeciae Antiquae tabula nova septentrionalis et meridionalis 170721. La simple comparaison des cartes de Delisle et de celle de Rigas le montre amplement22 et BarbiĂ© du Bocage nous le confirme. Dans un article du Magasin encyclopĂ©dique de 1801, il prĂ©sente avec sympathie au public français les travaux des gĂ©ographes grecs23 et il Ă©crit 
 En gĂ©ographie, ils ont dĂ©jĂ  fait plus que traduire des livres, ils ont traduit des cartes
 ». On y voit exprimĂ© tout ce que fournit la GĂ©ographie de Meletius24. Malheureusement le plan de cette carte est devenu un peu ancien c’est celui de la carte de Delisle auquel on a ajoutĂ© les parties septentrionales de la Turquie. » 22Sa phrase s’applique Ă  l’Ɠuvre de Rigas par Gazi interposĂ©. Retenons donc les aides qu’il prĂȘte Ă  Rigas Delisle et la GĂ©ographie de Meletius, que BarbiĂ© posssĂšde dans sa bibliothĂšque. Quant Ă  nous, nos fils conducteurs sont Meletius, l’abbĂ© BarthĂ©lemy, le dictionnaire de Bruzen de La MartiniĂšre25, et plus encore Delisle lui-mĂȘme. 23Puisque traducteurs il y a, cette fonction implique libertĂ©. Rigas puise Ă  pleines mains mais pour servir ses propres buts. D’oĂč quelques remarques. 24Premier point. La carte de Delisle indique un grand nombre de peuples anciens, que Rigas reprend tous, soit un total de 159 122 sur Delisle, plus 37 pour les feuilles du haut. Cette implantation cartographique permet mieux qu’un commentaire nourri de littĂ©rature ancienne de les juxtaposer Ă  Ă©galitĂ©, sans souci de leur rĂ©putation de civilisĂ©s ou de barbares au sens que les Grecs donnent au mot. Rigas utilise cependant souvent, en plus, le cadre administratif moderne. 25DeuxiĂšme point. Rigas agrandit Delisle antique en latitude et lui fait gagner trois degrĂ©s vers le nord, ce qui Ă©tend l’espace qu’il veut signifier comme hellĂ©nique. Sa longitude est celle de la GrĂšce moderne de Delisle. 26TroisiĂšme point. Ses intentions sont annoncĂ©es dans le cartouche. Pourquoi l’a-t-il partiellement modifiĂ© ? Ceux des cartes de la fin du xviiie siĂšcle montrent une GrĂšce esclave et enchaĂźnĂ©e26, celle de Delisle donne une GrĂšce plus glorieuse, personnifiĂ©e sous les traits de la Science EpistĂ©mĂ© qui prĂ©sente ses villes, ses flottes, signes de petits États indĂ©pendants, mais aussi ses jeux, lieux de rassemblement et de paix. Rigas figure Deucalion et Pyrrha, hĂ©ros de la rĂ©gion de PhĂšres, et surtout, Ă  la place des deux philosophes de Delisle, il met HĂ©raklĂšs, brandissant sa massue pour massacrer HippolitĂ©, reine des Amazones. Ce combat mythique se situe en Cappadoce, illustration de l’hellĂ©nisme en lutte contre les peuples de l’Orient, idĂ©e constante de la carte. 27L’extension du territoire mentionnĂ© sur le cartouche va jusqu’à l’Unna, le Danube et la Save, la GrĂšce et une partie de ses nombreuses colonies ». Rigas utilise le mot apoikia. C’est un mot que l’abbĂ© BarthĂ©lemy avait longuement commentĂ©27, Ă  propos d’une GrĂšce pauvre, qui avait besoin d’espace – ce que Rigas actualise au maximum dans sa visĂ©e phanariote. Apoikia suggĂšre des États indĂ©pendants, diffĂ©rents des clĂ©rouquies », les colonies de l’empire athĂ©nien. 28QuatriĂšme point. La carte est bordĂ©e, en haut et en bas, d’une liste de noms de souverains. C’est un subtil ajout personnel de Rigas, qui comporte 270 noms. 114 concernent la GrĂšce indĂ©pendante, dans l’ordre alphabĂ©tique hĂ©ros mythiques, Ă©crivains, gloires militaires sans oublier Jason, tyran de PhĂšres. Ils sont intrinsĂšquement liĂ©s Ă  la carte la plupart se retrouvent dans les phrases de commentaires qui la parsĂšment28. Puis, comme le dit Rigas sur la carte, viennent ceux qui ont effectivement rĂ©gnĂ© sur la GrĂšce » Alexandre et les quatorze PtolĂ©mĂ©es, la derniĂšre Ă©tant ClĂ©opĂątre. C’est a priori surprenant, puisque seul le fondateur de cette dynastie qui a rĂ©gnĂ© sur l’Égypte est MacĂ©donien. Puis avec une croix latine il introduit Rome, mais seulement avec Auguste, en -31 la conquĂȘte romaine est escamotĂ©e. Trente-six empereurs romains succĂšdent Ă  Auguste. L’empire d’Orient puis l’empire byzantin en prĂ©sentent quatre-vingt-un. On continue avec le Croissant, aprĂšs une ligne qui Ă©voque le jour de deuil des Grecs Ă  propos du sultan MĂ©hĂ©met, celui qui a ravagĂ© la Ville » en 1453. Il est suivi de vingt-trois sultans jusqu’à SĂ©lim III, le contemporain de Rigas. 29La phrase que nous venons de citer est reprise en Ă©cho triste sur le plan de Constantinople. Sous le Lion, qui reprĂ©sente la puissance ottomane comme le faisceau d’armes et le turban, il y a une piĂšce Ă  l’effigie de Constantin PalĂ©ologue, le dernier empereur grec, puis un mot Et nous fĂ»mes asservis ». 30Nous avons dit Ă  propos du cartouche et du cadre les intentions sont annoncĂ©es ». Elles nous ont conduit Ă  un message politique aussi fort qu’il est implicite, et masquĂ© par la profusion de la carte. La Thessalie 31Ce n’est pas la rĂ©gion la plus cĂ©lĂšbre de la GrĂšce dans nos souvenirs de l’AntiquitĂ©. Mais Rigas est thessalien et il nous offre une Thessalie porteuse de germes il y place un maximum d’informations historiques et mythologiques29, pour mettre en Ă©vidence le lien indissoluble entre un passĂ© glorieux et un prĂ©sent Ă  transformer en continuitĂ© avec l’ancien. 32Elle est bien dĂ©limitĂ©e, comme chez Delisle. Elle couvre les deux-tiers de la feuille 5 qui est en position centrale sur la carte, avec son cadre de montagnes le Pinde, l’Olympe, le PĂ©lion, l’ƒta, et la vallĂ©e paradisiaque du TempĂ©. 33Elle rassemble 14 peuples, qui permettent de retrouver les strates de la longue histoire qui caractĂ©rise ce pays. DĂ©jĂ  Pline avait remarquĂ© que la Thessalie changeait constamment de nom selon les rois qui la gouvernent ». La MartiniĂšre confirme Aux Thessaliens on donne le nom de Centaures, puis une succession de noms Æmonia HĂ©monie quand elle est envahie par les PĂ©lasges, Hellas, Argos, Dryopia ». Or tous ces noms sont lĂ  sur la carte – encore une fois comme Ă  Ă©galitĂ© –, Ă©vocateurs du soubassement lĂ©gendaire grec. 34Rigas fait sortir de sa Thessalie un passĂ© mythologique/historique les Centaures et les Lapithes ; deux gĂ©nĂ©alogies qui culminent sur Hellen et Hellas ; les Argonautes, que Jason emmĂšne chercher la toison d’or en Colchide encore un symbole de l’hellĂ©nisme conquĂ©rant et mythique, puisque OrphĂ©e est l’un des rameurs de la barque des Argonautes ; la patrie d’Achille, roi des Myrmidons, est en AchaĂŻe, façon de rĂ©fĂ©rer Ă  la guerre de Troie ; LĂ©onidas aux Thermopyles, bataille des guerres mĂ©diques, renforcĂ©e par un plan tirĂ© du Jeune Anacharsis mais sans citer BarbiĂ© ; Philippe est lĂ  aussi, Rigas indique MĂ©thone oĂč Philippe reçut dans l’Ɠil la flĂšche qui le rendit borgne », sans faire allusion au siĂšge qu’il fit de cette ville en -353 ; la bataille de Pharsale oĂč CĂ©sar a abattu PompĂ©e » puisque c’est une bataille entre Romains, Rigas peut la figurer. 35Il Ă©voque aussi le prĂ©sent au pied du PĂ©lion, il met les Karagounes, peuple moderne, sĂ©dentaire, grĂ©cophone, en contact avec les bergers valaques plus nomades. Au pied de l’ƒta, il met les Lidoriki et les Krabari, qui sont aussi des donnĂ©es actuelles. Il y a une rĂ©fĂ©rence aux hauts lieux de l’orthodoxie les monastĂšres des MĂ©tĂ©ores30 et du mont Athos. 36Un Thessalien se devait d’ĂȘtre complet sur sa propre rĂ©gion, dĂ»ment prĂ©sentĂ©e comme matrice de la GrĂšce assurĂ©ment, il l’a Ă©tĂ©. Avec mĂȘme une pointe de patriotisme local, il fait figurer dans la liste du haut de la carte les deux Jason, celui des Argonautes et le tyran de PhĂšres qui, quarante ans avant Philippe, a voulu unir les Grecs contre les Perses. La MacĂ©doine et le problĂšme des montagnes 37Ces montagnes de la MacĂ©doine en PĂ©onie et de la Thrace le Balkan sont un endroit stratĂ©gique essentiel pour Rigas, car elles l’obligent Ă  affronter le difficile problĂšme de la jonction entre l’espace grec et l’espace danubien. Les cartes imposaient depuis le xve siĂšcle une Catena Mundi, chaĂźne continue barrant l’espace de la cĂŽte dalmate Ă  la mer Noire, donnant l’impression d’une puissante coupure par rapport au reste de l’Europe31. Avec ses noms de l’AntiquitĂ©, cette chaĂźne figure sur les cartes de Sophianos et de Delisle. À partir d’un nƓud orographique le Scardus, la branche orientale va vers la mer Noire par les monts Orbelus, Scomius, Hemus avec en annexe vers le sud les monts Berthiscos, le PangĂ©e, l’énorme Rhodope. La branche occidentale arrive Ă  la cĂŽte dalmate par les monts KrĂŽton et BorĂ©e. 38Rigas reprend ce schĂ©ma, mais d’une maniĂšre plus confuse et significative, car il lui faut supprimer cette barriĂšre. Il va morceler la chaĂźne infranchissable Ă  l’aide de noms diffĂ©rents, et Ă©largir les vallĂ©es. Il est aidĂ© en cela par les tendances qui Ă©mergent dans la gĂ©ographie du temps, celle des bassins de Buache32. Allant dans le mĂȘme sens, La MartiniĂšre exprime en 1768 des positions thĂ©oriques intĂ©ressantes. Voyons briĂšvement deux de ses citations 39L’Hemus Les modernes ne conviennent pas sur le nom que porte actuellement cette montagne de Thrace. Laonic la nomme Prasovo, les Italiens, d’aprĂšs Pinet, Catena del mondo et Monte Argentaro. Les Turcs l’appellent le Balkan, et les Esclavons Cumowicz. Le mĂȘme Pinet, dans sa traduction de Pline, dit aussi monts de Castegnas ». De sorte qu’à l’unique Hemus de Delisle se substituent quatre noms alignĂ©s par Rigas l’Hemus antique, le Kostegnas de Pinet, le Balkan des Turcs et le Kumanitza des Esclavons. La barriĂšre commence Ă  s’ouvrir ! 40L’Orbelius La MartiniĂšre donne la localisation traditionnelle au nord de la MacĂ©doine, entre PĂ©onie au midi, Scordisques au nord, DentĂ©lĂštes Ă  l’orient », et en propose une seconde ou pour s’exprimer de façon moins sujette aux rĂ©volutions, entre l’Axius au couchant, le Strymon au levant, Ă  l’orient d’Uscupia ». Le terme de rĂ©volution fait ici rĂ©fĂ©rence aux dĂ©bats entre cartographes classiques, qui Ă©tablissent la topographie cartographique Ă  partir des lectures de PtolĂ©mĂ©e, HĂ©rodote, Strabon et autres, et les efforts modernes pour Ă©tablir un critĂšre de fixitĂ© gĂ©ographique, qui serait donnĂ© par les fleuves comme facteurs naturels d’oĂč l’importance de la thĂ©orie de Buache33. C’est bien ce que feront Humboldt et Ritter. En somme, le grand intuitif qu’était Rigas avait Ă  sa maniĂšre anticipĂ© la connaissance qu’apportera le xixe siĂšcle 41Rappelons quelques jalons de la connaissance de l’orographie de la rĂ©gion, en nous rĂ©fĂ©rant Ă  la GĂ©ographie universelle de Vidal de la Blache tome VII, 2e partie. Le nom moderne de Balkan se trouve dĂ©jĂ  en 1757 dans le Grand Atlas de Robert de Vaugondy. Gatterer, historien et gĂ©ographe, prĂ©curseur de l’école allemande moderne, est l’auteur d’un TraitĂ© de gĂ©ographie, paru en 1775 Ă  Göttingen, oĂč il cherchait dans la gĂ©ographie physique les divisions naturelles du globe, particuliĂšrement dans les lignes du relief. Il obtint une pĂ©ninsule pyrĂ©nĂ©enne », une alpine », une pour les pays au nord et au sud de l’Hemus. C’est le gĂ©ographe allemand Zeune qui le premier, en 1808, employa l’expression pĂ©ninsule des Balkans », dont il dĂ©tache un Karpatenland, division qui ne sera pas retenue par la suite. En 1828, les Russes s’y aventurent pour la premiĂšre fois ; en 1840, Ami BouĂ© en commence l’étude scientifique ; en 1867-1869, le voyageur cartographe Guillaume Lejean34 mĂšne trois campagnes ; de 1860 Ă  1881, l’Autrichien Kanitz35, son ami plus heureux, en fait dix-huit, pour constater qu’il n’y pas de chaĂźne centrale, mais un axe formĂ© par les deux vallĂ©es de la Morava et du Vardar ex-Axius, oĂč l’on peut faire passer un chemin de fer. À la fin du siĂšcle, on passera du Balkan, montagne au sud du Danube, aux Balkans, dĂ©signation de l’ensemble de la pĂ©ninsule36. 42AprĂšs la gĂ©ographie physique qui a tendance Ă  se moderniser, la gĂ©ographique historique fonctionne Ă  plein chez Rigas dans cette zone difficile et pourtant dĂ©cisive jusqu’à nos jours. Quelle tentation de sortir de ces plaines minuscules et de ces montagnes pour aller vers les vastes plaines du monde danubien ! Or Rigas doit absolument remplir cet espace qui fait jonction entre sa Thessalie et sa Valachie. Que lui apporte l’histoire ? Un espace amĂ©nagĂ© au sud par les Grecs, au nord par les Romains et mille fois envahi dans l’histoire. AprĂšs avoir sur le plan gĂ©ographique tentĂ© de mettre en Ă©vidence la continuitĂ©, il faut maintenant prouver l’unitĂ©. On trouve la clef de sa dĂ©marche sur la feuille 5, en BĂ©otie, dans une phrase-message ChĂ©ronĂ©e oĂč a vĂ©cu Plutarque ». Or ChĂ©ronĂ©e, c’est surtout la victoire de Philippe en 338 sur les Grecs trop tard unis. C’est lĂ  qu’Anacharsis rebrousse chemin vers sa Scythie, plutĂŽt que de voir une GrĂšce Ă©crasĂ©e
 Rigas prĂ©fĂšre donc Ă©voquer Plutarque, l’auteur des Vies parallĂšles des hommes illustres de la GrĂšce et de Rome. Rigas fait sa dĂ©monstration sur deux plans 43–Il aligne une quarantaine de peuples barbares » qu’il trouve chez Delisle, qui ne semblent pas avoir d’histoire. Sauf un les Graii, entre Scomios et PangĂ©e, dont il faut apprĂ©cier l’intĂ©rĂȘt Ă©tymologique. Ce nom trĂšs rare, et pour cause, dans la littĂ©rature grecque il est tardivement attestĂ© en grec, est pourtant celui qui a Ă©tĂ© empruntĂ© par les Romains pour donner Graecus, Graecia. Il a subsistĂ© dans toutes les langues romanes37. Ni Meletius, dans la prĂ©face de sa GĂ©ographie, ni les Grecs actuels ne semblent aimer le poids qu’il a pris. Delisle le mettait, Rigas le tolĂšre. 44–Il oublie volontairement beaucoup de choses. Les MacĂ©doniens sont-ils des Grecs ? Sa rĂ©ponse est donnĂ©e par le fait qu’il oublie » ChĂ©ronĂ©e. Que fait-il de la conquĂȘte romaine ? Nous avons vu qu’elle n’apparaĂźt pas dans le cadre chronologique. Sur la carte, il faut bien chercher pour en trouver un indice assez glorieux » pour ĂȘtre acceptable les quatre Basileia ». Dans la grande MacĂ©doine englobant la moitiĂ© de l’Illyrie Ă  l’ouest, la moitiĂ© de la Thrace Ă  l’est, et influençant le sud de la pĂ©ninsule, c’est-Ă -dire celle des conquĂȘtes de Philippe, jusqu’au malheureux PersĂ©e vaincu par Paul Émile en -168, Rome dĂ©coupe quatre Regio »38. C’est le terme qui figure chez Delisle. Elles deviennent quatre Basileia chez Rigas, avec leur autonomie et chacune une capitale. Peu importe pour lui qu’en -148 une rĂ©volte les ramĂšne au rang de provinces romaines. Ces Ă©phĂ©mĂšres basileia sont donc une maniĂšre dĂ©licate, minimale, d’évoquer la conquĂȘte, de la suggĂ©rer. Rome ensuite franchit le Scardus et l’Orbelius, et Ă©crase les Scordisques. Il faudra encore une centaine d’annĂ©es pour achever sous Auguste la maĂźtrise de cet espace. Mais toutes ces pĂ©ripĂ©ties sont gommĂ©es, l’histoire est lissĂ©e, la conquĂȘte romaine est transformĂ©e en un mouvement qui porte l’hellĂ©nisme en MĂ©sie, grande rĂ©gion de l’Europe ancienne, plaine longue de 900 km et large de 200, limitĂ©e entre Save et Danube au Nord, Scardus/Orbelius au sud, Drin Ă  l’ouest, Pont-Euxin Ă  l’est. 45Rigas a ainsi mis en Ă©vidence le fait que les Provinces danubiennes font bien partie intĂ©grante du monde hellĂ©nique. Il a retournĂ© la conquĂȘte romaine du monde grec en expansion de l’hellĂ©nisme. Les principautĂ©s danubiennes 46Rappelons qu’avec la Thessalie, c’est la deuxiĂšme rĂ©gion dont il a une connaissance personnelle et c’est lĂ  qu’il a fait l’essentiel de sa carriĂšre ». 47La carte est dominĂ©e par l’arc des Carpates, et par un majestueux Danube servi par ses grands affluents Drave, Save, Tisza, Morava, Jiul, Olt, Argesh, Dimbovitza, Gialomitza, Bouzaion, Pruth. Deux noms ont une taille de caractĂšres qui les met en Ă©gale valeur blaxia/valachie, daxia/dacie, l’un actuel, l’autre antique. 48Depuis le dĂ©but du xviiie siĂšcle, il y avait en Transylvanie de nombreux travaux sur les origines latines de la Dacie conquise sous Trajan en 106, elle est la premiĂšre province abandonnĂ©e par AurĂ©lien en 276. Tout le siĂšcle avait connu une forte Ă©migration transylvaine vers les PrincipautĂ©s. À la fin du siĂšcle, une Ă©cole philologique et historiographique39 s’efforçait de mettre en Ă©vidence l’unitĂ© latine de la future Roumanie. IntĂ©grer l’ensemble Transylvanie-Moldavie-Valachie, en voie de formation commune sur une base de latinitĂ©, dans le projet hellĂ©nique de Rigas Ă©tait donc d’une importance capitale. 49La carte de Rigas donne le foisonnement habituel des peuples, des plus anciens Theuriskoi, Iazyges, Peukinoi, qui Ă©taient dans l’AntiquitĂ© des Daces nomades, aux plus contemporains. Rigas n’a plus ici le soutien mĂ©thodique de Guillaume Delisle et il ne peut plus mettre ses pas dans ceux du grand cartographe. Mais il a la chance de pouvoir utiliser la carte que Ruhedorf a publiĂ©e en 178840, Ă  Vienne, chez Muller, le mĂȘme graveur que pour la sienne. 50Une surprise attend les gĂ©ographes aux Cartes et Plans de la BNF une carte autographe de Rigas, carte manuscrite de la Valachie. Nous remercions M. Georges Tolias de nous avoir signalĂ© l’étude de Mme Anna AvramĂ©as, Carte manuscrite de la Valachie, autographe de Rigas »41. Elle y a dĂ©couvert un relevĂ© Ă  la main de Rigas, simplifiĂ©, d’aprĂšs Ruhedorf c’est un manuscrit Ă©mouvant, parce qu’une Ă©tude graphologique permet d’attribuer la paternitĂ© de ce calque Ă  Rigas. C’est surtout un manuscrit utile pour comprendre sa façon de travailler. Dans un premier temps, sur un calque, il a parfaitement retracĂ© fleuve et affluents. Dans un deuxiĂšme temps, il recopie les dix-huit chiffres romains par lesquels Ruhedorf avait Ă©tiquetĂ© sous le nom de districtus les judicetes circonscriptions administratives que l’on retrouve dans la Roumanie des xixe et xxe siĂšcles Mechaedintzi, Romanitzi, Dimbovitza, Ialomitza, etc.. 51Il faut seulement remarquer qu’à la date oĂč il fait sa carte 1788, Ruhedorf prend ses dĂ©sirs pour des rĂ©alitĂ©s, et distingue deux cas dix-huit districts forment une Valachia Austriaca dicta, sur la rive gauche de l’Olt, et quatre districts sont dits Valachia Turcica. Certes le traitĂ© de Passarowitz 1718 avait donnĂ© la rive droite de l’Olt – l’OltĂ©nie – Ă  l’Autriche, mais elle avait Ă©tĂ© rendue aux Turcs en 1739, cette subdivision avait donc cessĂ© d’ĂȘtre valable. La rĂ©gion turque est confiĂ©e par le sultan Ă  l’hospodar Alexandre Ypsilanti. 52Rigas est donc plus exact que Ruhedorf pour les frontiĂšres politiques, mais il utilise la typographie de façon trĂšs spĂ©ciale. Il fait sur son calque un tableau des noms latins de la carte de Ruhedorf villes, villages, monastĂšres, qu’il numĂ©rote, puis il les transpose, en grec, sur sa carte. Il traduit de mĂȘme les noms de peuples. Il y ajoute ses petites phrases, et surtout il morcelle, en les mettant sur plusieurs lignes, les noms de ces peuples non grecs de la les rend trĂšs difficiles Ă  lire et Ă  identifier. 53Pourquoi est-il si clair sur son calque et si confus sur sa carte ? Il est Ă©vident qu’ici plus qu’ailleurs, il brouille les cartes la comparaison du calque et de la carte nous offre donc un remarquable Ă©clairage sur son processus d’hellĂ©nisation forcĂ©e d’un espace non grec42. 54Ajoutons qu’il emprunte » aussi Ă  Ruhedorf sa lĂ©gende, son tracĂ© des routes caravaniĂšres, et concluons Ă  l’utilisation intelligente, certes, mais inavouĂ©e de Ruhedorf qu’il traduit comme il l’a fait pour Guillaume Delisle, peut-ĂȘtre encore plus mĂ©thodiquement. 55Rigas n’élimine pas les traces de la prĂ©sence romaine il figure la route de Trajan, parallĂšle Ă  l’Olt, montant du Danube vers Rumnix, et les fondements du pont de trajan » Ă  SĂ©verine. Mais ces Ă©lĂ©ments sont noyĂ©s dans une profusion d’autres Ă©lĂ©ments Sarmigetusa, capitale de DĂ©cĂ©bale » vaincu par Trajan, l’administration des hospodars grecs le canal construit par Alexandre Ypsilanti » et il indique Ă  Tsernaboda la patrie de Joseph Mesodaces43, homme des lumiĂšres ». Il multiplie les routes de caravanes, si essentielles pour l’enrichissement de la bourgeoisie grecque. La seule ville mise en Ă©vidence est Bucarest, ville que Rigas peut Ă  juste titre considĂ©rer comme un important foyer de diffusion de l’hellĂ©nisme. Il mentionne aussi les guerres contemporaines44. 56Ensuite, on arrive en Thrace, aux confins barbares, au monde inquiĂ©tant des steppes. LĂ , Rigas mĂȘle peuples anciens et modernes. Suivons sa carte, en compagnie de La MartiniĂšre. 57– Anciens Britolages et MassagĂštes nomades pour HĂ©rodote et Strabon », GĂštes ancien peuple de Scythie ou Tartarie que Cyrus, Darius et Alexandre tentĂšrent vainement de dompter » et Teukinoi des Sarmates qui n’ont pas de villes ». 58–Moderne s en Bessarabie, il met des Tartares Budziaks environ 30000, rĂ©putĂ©s les plus mĂ©chants qu’on puisse trouver, indomptables aux Turcs », il met aussi ceux de Dobroujda, dont les Turcs font des troupes de choc ». 59Cette nomenclature indiffĂ©renciĂ©e montre que Rigas lĂ  encore unifie artificiellement l’hĂ©ritage ancien grec et latin, pour donner le sentiment d’une homogĂ©nĂ©itĂ© d’origine. La magie du verbe de Rigas sera-t-elle capable d’ancrer aux confins d’un monde barbare les preuves de la prĂ©sence de l’hellĂ©nisme ? Il en met trois la mort d’OrphĂ©e, l’üle d’Achille, offerte Ă  lui par ThĂ©tis, avec un temple Ă  Patrocle, vouĂ© depuis Ă  Saint Anastase », et Tomis, lieu d’exil d’Ovide ». Les cultures grecque et latine sont donc aussi prĂ©sentes dans ces espaces de l’extrĂȘme pĂ©riphĂ©rie, oĂč il y a eu des comptoirs grecs. Les lieux de commĂ©moration 60Les lieux de commĂ©moration sont la grande originalitĂ© de Rigas. C’est lĂ  qu’il y montre le mieux sa volontĂ© de faire partager sa passion, de crĂ©er une adhĂ©sion affective Ă  son projet rĂ©volutionnaire. C’est la fonction des phrases dont nous avons parlĂ©. Nous ne pouvions ici les commenter, nous les avons donc classĂ©es dans un tableau placĂ© en annexe. 61À noter que pour les batailles, les symboles qu’il utilise sont la massue d’Hercule pour les Grecs contre la pique attribuĂ©e aux Perses et aux Turcs. On a aussi des combats navals oĂč la massue s’orne alors d’une ancre. Or on ne trouve aucune trace de combat entre deux massues ! 62Au total, cette carte semble nous dire J’inscris ici mes biens au cadastre » et je cherche Ă  faire plaisir Ă  chacun, Ă  chaque endroit ville ou rĂ©gion, pour que tous aient la vision concrĂšte de leur rapport propre et ancien Ă  l’hellĂ©nisme. Il veut faire participer chacun Ă  la chose globale. Chacun doit trouver sur la carte une trace de sa prĂ©sence originaire, ĂȘtre une piĂšce de cet hellĂ©nisme que Rigas exalte sur l’immense espace sur lequel il projette de crĂ©er un État hellĂ©nique, qui unifiera sous la houlette grecque tout ce que le passĂ© a charriĂ© de diffĂ©rent et d’antagoniste, et qui est encore bien prĂ©sent en son temps. 63NĂ© grec en Thessalie, il veut Ă©tendre l’hellĂ©nisme. Sa chance est d’avoir travaillĂ© en Valachie-Moldavie, ce qui lui a fait prendre conscience d’un vaste territoire oĂč il y avait des populations non grecques mais orthodoxes et opprimĂ©es par les Turcs depuis le xve siĂšcle. C’est donc une carte de libĂ©ration mais aussi d’impĂ©rialisme culturel, inscrit dĂšs l’AntiquitĂ©. Essai de synthĂšse 64Repartons du dĂ©but cette carte est la premiĂšre aux temps modernes faite par un Grec. C’est donc non la premiĂšre rĂ©flexion d’un Grec sur l’espace grec Meletius, PhilippidĂšs mais la premiĂšre qui tente de se traduire sur une carte. L’entreprise est d’une extrĂȘme complexitĂ©, car c’est un espace formidablement chargĂ© de significations, par le passĂ© Ă  toutes les Ă©poques, par l’étranger, notamment la France et la Russie, et par sa pĂ©riphĂ©rie proche et lointaine. 65Rigas n’était pas un intellectuel » du type des maĂźtres des LumiĂšres grecques du xviiie, tels Voulgaris, MĂ©siodax, Katarzi, ou surtout Adiamantos Coray son contemporain45. C’est un imaginatif et un intuitif. L’imagination lui inspire cette carte Ă  la fois somptueuse et dĂ©sordonnĂ©e. Mais l’essentiel est qu’elle est en grec, son moyen linguistisque est adĂ©quat Ă  son objet, le moyen donne le sens du discours mĂȘme. L’intuition, c’est plus compliquĂ© tout se passe comme s’il avait pressenti que la suite de l’histoire rendait urgente l’affirmation d’une prééminence grecque sur l’espace balkanique, l’affirmation que seuls les Grecs pouvaient donner sens et unitĂ© Ă  cet espace qui Ă©tait celui de la domination ottomane, cadre acceptĂ© et repris au compte des Grecs. 66La suite de l’histoire, c’est la distinction de peuples tels que les Serbes, les Bulgares et les Roumains, peuples et langues que le xviiie siĂšcle distinguait fort mal. Rigas connaĂźt les mĂ©contentements serbes et plus encore la rĂ©bellion de Pasvan-Oglou dans la rĂ©gion de Vidin sorte d’amorce d’une future Bulgarie, sans compter les ambitions du tyran Ali Pacha en Épire. Il y aurait donc un aspect course de vitesse » dans la rĂ©alisation de cette carte, dans le parcours personnel de Rigas sa venue Ă  Vienne et dans la conjoncture historique. 67Tout cela pose frontalement le problĂšme double de l’État qu’il aspirait Ă  crĂ©er 68–Comment remplir cette GrĂšce si dĂ©sespĂ©rĂ©ment vide en laissant de cĂŽtĂ© l’Ionie par rapport Ă  la richesse de sa pĂ©riphĂ©rie ? 69–Comment articuler l’espace grec aux espaces non grecs ? OĂč finit l’espace grec ? Son projet d’État hellĂ©nique-balkanique sera caduc vingt ans aprĂšs sa mort, on dirait qu’il a vu qu’il fallait absolument mettre en place quelque chose sur le sol, faute de quoi la GrĂšce ne serait que le PĂ©loponnĂšse et les environs d’AthĂšnes en 1830, le nouvel État grec sera Ă  peine plus. 70Sur le premier point, l’analyse de la carte a donnĂ© de nombreux Ă©lĂ©ments. Il est clair que l’hellĂ©nisation des noms de peuples permet Ă  Rigas de faire l’impasse sur la nature ethnique » rĂ©elle des habitants de la pĂ©riphĂ©rie, au nord-ouest, centre et est. L’analyse a Ă©galement dĂ©veloppĂ© la question complexe de la MacĂ©doine et de la Thrace, ainsi que le difficile problĂšme du lien avec les PrincipautĂ©s danubiennes. 71Reprenons la question sur un plan plus gĂ©nĂ©ral, celui de la dĂ©nomination de l’espace sur lequel l’État de Rigas doit s’implanter. La solution, Rigas, mais aussi les Grecs du xixe siĂšcle, la trouvent dans la terminologie issue d’Hellas Hellade, hellĂ©nisme, hellĂ©nique. Cette solution passe donc par le recours au passĂ© lointain, cette GrĂšce des origines qu’il signifie Ă  partir de sa plus grande extension, celle que lui a donnĂ©e Alexandre, mais c’est une extension qui aboutit Ă  la distendre tellement que si le nom de Grecs reste pertinent, celui de GrĂšce – nom donnĂ© par les Romains Ă  partir d’un minuscule peuple excentrĂ© et barbare – devient source de difficultĂ©s. 72C’est ici que le nom d’Ellas ou Hellas et ses dĂ©rivĂ©s jouent leur rĂŽle clef. Perdu depuis Byzance, Ellas revient au premier plan dans la seconde moitiĂ© du xviiie siĂšcle, et s’imposera comme le nom officiel de la GrĂšce Ă  l’heure de l’État national. Le dictionnaire de La MartiniĂšre signale quatre acceptions pour Ellas une ville de Thessalie, une rĂ©gion de Thessalie, la GrĂšce propre, puis la GrĂšce propre avec ses extensions en MacĂ©doine et en Épire. Rigas n’en retient que deux la plus restreinte, puisqu’il mentionne non loin de Velestino la localitĂ© appelĂ©e Hellas, et la plus vaste, puisque c’est le nom qu’il donne Ă  sa carte. Ce faisant, il lĂšgue Ă  la GrĂšce de 1830 une image de son espace national virtuel, virtualitĂ© impliquĂ©e par le fait que, situation exceptionnelle en Europe, la GrĂšce est davantage faite de terres irrĂ©dentes que du territoire concĂ©dĂ© par les puissances. Signifier que ces terres irrĂ©dentes sont bel et bien hellĂ©niques, c’est la fonction de ce recours massif au passĂ©, ou plus exactement aux origines. 73Il existe un tĂ©moignage du caractĂšre en quelque sorte prĂ©monitoire de la carte de Rigas dans le fait qu’entre 1853 et 1875 l’historien grec Constantin Paparrigopoulos, professeur Ă  l’universitĂ© d’AthĂšnes, publie une monumentale Histoire de la nation hellĂšne et non grecque, et en donne en français chez Hachette en 1878 l’épilogue sous le titre Histoire de la civilisation hellĂ©nique46, ouvrages oĂč il cherche Ă  montrer la parfaite continuitĂ© de l’hellĂ©nisme Ă  travers les siĂšcles, de l’AntiquitĂ© Ă  l’époque actuelle en passant par Byzance et le temps de maturation silencieuse sous les Ottomans. Dans sa prĂ©face Ă  l’ouvrage de 1878 ouvrage oĂč il rend hommage Ă  l’action de Rigas, il souligne qu’il est le premier Grec moderne Ă  donner une Histoire grecque comme Rigas avait Ă©tĂ© le premier Ă  donner une carte de GrĂšce en grec. Citons deux passages de cet ouvrage, qui mĂ©riterait de longs dĂ©veloppements Dans sa principale signification, hellĂ©niser voulait dire transmettre la langue grecque Ă  des peuples Ă©trangers et leur imprimer par le moyen de la langue le caractĂšre national des HellĂšnes. L’hellĂ©nisme Ă©tait le rĂ©sultat de cette action47 ». Et En 1790, trois reprĂ©sentants de la nation demandĂšrent Ă  l’impĂ©ratrice Catherine de donner pour empereur aux HellĂšnes son petit-fils Constantin ; ils ne parlĂšrent plus Ă  titre de Romains48 ni mĂȘme simplement de chrĂ©tiens ; ils se prĂ©sentĂšrent comme des HellĂšnes, descendants des AthĂ©niens et des Spartiates. »49 74Revenons Ă  Rigas, dont nous savons que, par son projet de constitution, il envisageait la crĂ©ation d’un État non ethnique, associant dans une rĂ©publique une et indivisible tous les citoyens vivant sur son territoire, Grecs, Serbes, Roumains, Bulgares, etc., avec certes une prime aux Grecs, Ă  leur conscience d’ĂȘtre le peuple le plus civilisĂ© – le seul, en fait – et le plus glorieux de cet espace, et surtout Ă  la langue grecque [qui joue un rĂŽle central dans la notion d’hellĂ©nisme50], mais sans que cette rĂ©publique unitaire soit de nature ethnique. Pourtant l’hellĂ©nisme de Rigas, comme le montre sa carte, est finalement, autant que politique, historique, culturel et linguistique. 75Il y aurait lieu de dĂ©velopper le fait que sa carte, manifeste cartographique de la Grande IdĂ©e mĂȘme si par son projet Rigas diffĂšre des hommes politiques grecs qui Ă  partir du milieu du xixe siĂšcle donneront Ă  celle-ci un caractĂšre conquĂ©rant, alors que Rigas postule une unitĂ© naturelle » et consentie, apparaĂźt au moment mĂȘme oĂč la France, Ă  partir de l’étĂ© de 1797, s’appelle elle-mĂȘme la Grande Nation »51. À partir de la campagne d’Italie, ayant prĂ©cĂ©demment intĂ©grĂ© la Belgique et se prĂ©parant Ă  faire de mĂȘme pour la rive gauche du Rhin, la France rĂ©volutionnaire du Directoire met en Ɠuvre une conception de la nation en quelque sorte supranationale », conception essentiellement politique mais oĂč il existe aussi des Ă©lĂ©ments historiques tel le recours massif Ă  la Gaule des origines et linguistiques telle la conception que le français est la langue la plus parfaite des langues modernes, l’équivalent du latin dans l’AntiquitĂ©. Il est frappant que ni Rigas ni les rĂ©volutionnaires français et ceux des pays intĂ©grĂ©s ou conquis n’aient vu Ă  quel point ces Ă©lĂ©ments allaient par la suite prendre partout une importance sans cesse croissante, au point de menacer et parfois de dĂ©truire la notion politique de nation, corps de citoyens participant Ă  Ă©galitĂ© Ă  la formation de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale. 76*Cet article est issu d’une communication faite le 14 janvier 1999 au sĂ©minaire de Daniel Nordman et Marie-Vic Ozouf-Marignier, que nous remercions vivement pour leur accueil, Ă  l’EHESS. Haut de page Notes 1De nombreux colloques ont eu lieu, notamment Ă  Velestino ville natale de Rigas en 1997, Ă  Delphes en juin 1998, Ă  l’Unesco Ă  Paris en dĂ©cembre 1998. Cf. infra un compte rendu de certaines de ces rencontres dans la rubrique MĂ©langes ». 2Fondation nationale de la Recherche scientifique, AthĂšnes, 1989 en français. 3Il existe une belle Ă©tude en grec de Georges LaĂŻos sur les milieux grecs de Vienne Ă  l’époque du sĂ©jour de Rigas, milieux gagnĂ©s Ă  la cause de l’émancipation nationale et des idĂ©es rĂ©volutionnaires françaises, Ă©tude parue dans le Deltion tĂšs historikĂšs et ethnologikĂšs etairĂ©ias tĂšs HelladĂšs Bulletin de la SociĂ©tĂ© historique et ethnographique de GrĂšce », pp. 202-270, 1958. Pour ce texte comme pour tous les autres textes en grec auxquels nous avons recouru, une traduction nous a Ă©tĂ© faite par Vanghelis KaramanĂšs, que nous remercions chaleureusement. Sur les projets d’émancipation grecque avant 1821, et notamment ceux de Rigas, voir aussi A. Manessis, L’activitĂ© et les projets politiques des patriotes grecs dans les Balkans vers la fin du xviiie siĂšcle », Balkans Studies, tome III, 1962. 4Cette carte est aujourd’hui en GrĂšce l’objet de nombreux travaux, mais il n’en a pas toujours Ă©tĂ© ainsi. La premiĂšre Ă©tude, française, est un bel article d’Ubicini, La grande carte de GrĂšce par Rhigas », paru dans la Revue de gĂ©ographie en 1881 annĂ©e dĂ©cisive oĂč la GrĂšce rĂ©cupĂšre » la Thessalie. Rappelons la thĂšse complĂ©mentaire d’Ap. Dascalakis sur Rigas, Les Ɠuvres de Rhigas Velestinlis, Paris, 1937, qui consacre quelques dĂ©veloppements Ă  la carte. Mentionnons ensuite un article de Georges Laios, dans le Deltion
, pp. 231-286, 1960. Victor Melas lui a consacrĂ© en 1973 une Ă©tude, reprise Ă  l’Unesco en 1998. Les derniers grands travaux en date sont en grec ceux de G. A. Skinas, Catalogue des cartes existantes » de Rigas, et de Georges Tolias pour le colloque de Delphes voir la note suivante. Bien entendu, il ne s’agit ici que d’une recension succincte. 5 GrĂšce spacieuse la carte de Rhigas et les limites de l’hellĂ©nisme » en grec, Ta Istorika, fasc. 28-29, 1998. 6Dans l’Histoire diplomatique de la GrĂšce de 1821 Ă  nos jours 5 vol., Paris, 1925-1926, faite en collaboration avec Michel LhĂ©ritier, l’ardent partisan de la Grande IdĂ©e que fut Édouard Driault se rĂ©fĂšre frĂ©quemment Ă  la carte de Rigas, la carte de toute son [la GrĂšce] histoire » tome I, p. 465. 7Nous avons toujours de grandes imprĂ©cisions sur sa vie, Ă  part les trois derniĂšres annĂ©es. Concernant les circonstances de son arrestation par les Autrichiens et de son transfert aux mains des Ottomans, le fondateur des Ă©tudes nĂ©ohellĂ©niques françaises Émile Legrand a publiĂ© un important recueil de documents, Documents inĂ©dits concernant Rhigas Velestinlis et ses compagnons de martyre, Paris, 1892. 8Il s’agit d’un hymne de guerre », trĂšs cĂ©lĂšbre en GrĂšce et encore chantĂ© aujourd’hui. Fauriel l’a placĂ© au dĂ©but de ses Chants populaires de la GrĂšce moderne 1824. 9Moniteur du 1er messidor an VI 19 juin 1798. Le journal parle de sa passion presque dĂ©lirante pour l’affranchissement de sa patrie », et ajoute que l’ancienne littĂ©rature de la GrĂšce Ă©chauffait son imagination ». Il est certain que les projets de Rigas manquaient de sĂ©rieux. NĂ©anmoins, le Moniteur du 8 vendĂ©miaire an VII 30 septembre 1798 Ă©crit que les Grecs semblent se rĂ©veiller de leur long sommeil ». 10Sous la dictature des colonels, des groupes d’étudiants contestataires ont pris son nom. 11Voir le texte de cette constitution dans Notis Botzaris, Visions balkaniques de la prĂ©paration de la rĂ©volution grecque 1789-1823, Droz-Minard, 1962. 12La constitution commence par Le peuple descendant des HellĂšnes
 » 13D’Anville s’explique longuement sur le mouvement de la gĂ©ographie actuelle et positive » pour parvenir Ă  fixer solidement le dĂ©tail de l’ancienne gĂ©ographie » Analyse critique de la carte intitulĂ©e les cĂŽtes de la GrĂšce et de l’Archipel, 1757. 14Sa vision de la GrĂšce, qui privilĂ©gie la virile Sparte aux dĂ©pens de l’AthĂšnes dĂ©cadente, a fortement influencĂ© les rĂ©volutionnaires français. Voir Maurice Badolle, L’abbĂ© BarthĂ©lemy et l’hellĂ©nisme en France au xviiie siĂšcle, Paris, 1926 ; un rĂ©sumĂ© de la vie et de l’Ɠuvre de BarthĂ©lemy a Ă©tĂ© publiĂ© en 1996 par les Amis d’Aubagne ville natale de BarthĂ©lemy ; voir aussi la thĂšse de Jacques Bouineau, RĂ©miniscences de l’AntiquitĂ© dans la RĂ©volution française 1984, parue en 1986 sous le titre Les toges du pouvoir ou la RĂ©volution de droit antique Univ. Toulouse Le Mirail/Éd. ÉchĂ©. 15G. Tolias a publiĂ© un recensement des cartes grecques de BarbiĂ© du Bocage dans Kentron noehellenikon Eleunon, AthĂšnes, 1993. Le Fonds BarbiĂ© du dĂ©partement des Cartes et Plans de la BibliothĂšque nationale de France comprend une collection de 1 415 cartes acquises en 1844. 1031 cartes sont de lui et 209 concernent la GrĂšce. Le Catalogue des livres de la bibliothĂšque de feu M. BarbiĂ© du Bocage Paris, 1826, riche de 1134 titres, donne une haute idĂ©e de sa grande personnalitĂ©. 16D. Philippides et G. Constantas, Neoterricae Geographia GĂ©ographie plus rĂ©cente », Vienne, 1791. 17La carte d’Antime Gazi, qui fait partie de la collection BarbiĂ© du Bocage et est entrĂ©e Ă  la BNF en 1844, porte aux Cartes et Plans de la BNF la cote Ge DD 5963. 18Elle fera d’immenses profits durant les annĂ©es cruciales de la RĂ©volution française, notamment en alimentant en cĂ©rĂ©ales la France qui a alors perdu la maĂźtrise de la MĂ©diterranĂ©e orientale. 19Nous avons utilisĂ© l’exemplaire de la carte entrĂ© aux Cartes et Plans de la BNF en 1847 sous la cote CC 2656, et nous remercions chaleureusement le personnel du dĂ©partement pour l’aide constante qu’il nous a apportĂ©e, ainsi que Mme Mireille Pastoureau pour son accueil Ă  l’Institut. Nos remerciements vont Ă©galement Ă  GeneviĂšve Bluteau pour son aide dans la traduction des phrases de la carte. 201675-1726. Il est l’auteur d’une centaine de cartes qui, notamment Ă  travers son gendre Buache, paraĂźtront jusque vers 1770. Voir Numa Broc, La gĂ©ographie des philosophes, universitĂ© de Strasbourg, 1976. 21Ces deux cartes sont au 1/1275000. Rigas a pu aussi utiliser la carte de Delisle de la Hongrie et des pays qui en dĂ©pendaient autrefois » 1703 BNF, Cartes et Plans, Ge D 11314. Pour les autres sources cartographiques de Rigas sur les parties au nord du Danube, voir plus loin. 22Rigas a mĂȘme copiĂ© le cartouche de la carte de Delisle, avec quelques changements voir ci-aprĂšs. 23PhilippidĂšs et Gazi. Voir Correspondance, 1794-1819, BarbiĂ© du Bocage-Daniel Philippidis-Anthimos Gazis, Ă©ditĂ©e par Aikaterini Coumarianou, AthĂšnes, 1966 les lettres sont en français. 24Meletius est un ecclĂ©siastique nĂ© Ă  Janina en Épire en 1661 et mort en 1714. Sa Geographia palaia kai nea est parue Ă  Venise en 1728. C’est une gĂ©ographie qui se veut universelle, mais la GrĂšce y occupe 140 pages sur 600. De nombreuses phrases dont Rigas a parsemĂ© sa carte viennent de lĂ . 25Grand Dictionnaire gĂ©ographique, historique et critique, 6 volumes, 1768. 26Voir par exemple Choiseul-Gouffier, Voyage pittoresque de la GrĂšce, tome I, Paris, 1782 tome II, Paris, 1809. 27Voyage du Jeune Anacharsis, tome II, chap. II. 28Il y a çà et lĂ  sur la carte des phrases du type patrie de
 » ou tombeau de
 » voir tableau en fin d’article. Il y a en outre de nombreuses monnaies, placĂ©es au hasard. Le tout accentue l’impression d’un espace densĂ©ment occupĂ© par les Grecs anciens. Les monnaies notamment crĂ©ent de la continuitĂ©, alors qu’en rĂ©alitĂ© l’espace hellĂ©nique et les Balkans sont fortement morcelĂ©s. 29Voir P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine. Relevons-y notamment ce qui concerne Hellen, fils de Deucalion et Pyrrha et ancĂȘtre des Doriens, des AchĂ©ens, des Ioniens et des Éoliens. Pour Rigas, la Thessalie est bien le berceau de la GrĂšce et du monde hellĂ©nique. 30Notation rare il y a cependant aussi les monastĂšres du mont Athos Rigas est hostile Ă  l’orthodoxie. AprĂšs avoir soutenu les LumiĂšres, l’Église orthodoxe s’est violemment Ă©levĂ©e contre elles Ă  partir de la RĂ©volution française. 31Cette barriĂšre continue est parfaitement visible par exemple dans la Cosmographia de SĂ©bastien MĂŒnster 1555. 32Voir son Essai de gĂ©ographie physique oĂč l’on propose des vues gĂ©nĂ©rales sur l’espĂšce de charpente du globe » MĂ©moires de l’AcadĂ©mie des sciences, 1752. 33C’est entre les annĂ©es 1820 et 1840 que cette thĂ©orie commencera Ă  ĂȘtre mise Ă  mal. MĂȘme un grand spĂ©cialiste comme Ami BouĂ© y recourt encore, dans son grand ouvrage sur la Turquie d’Europe tome I, 1840. On y dĂ©cĂšle son embarras, car il voit que la thĂ©orie ne cadre pas avec les observations. En fait, BouĂ© est conscient qu’il existe des voies de passage dans cet espace si longtemps rĂ©putĂ© infranchissable. Guiomar, Correspondance G. Lejean-Ch. Alexandre, Librairie Touzot, 1993 Lorain, Guillaume Lejean, voyageur-cartographe », Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique du FinistĂšre, tome CXXIII, 1994. 35La Bulgarie danubienne et le Balkan, 1881. 36Voir notamment Vidal De La Blache, GĂ©ographie universelle, tome VII, Italie et pays balkaniques. Voir aussi Jovan Cvijic, La PĂ©ninsule balkanique, Armand Colin, 1918 ; Georges Prevelakis, Les Balkans, cultures et gĂ©opolitiques, Nathan, 1994. 37Voir Ernoult et Maillet, Dictionnaire Ă©tymologique de la langue latine. 38Voir G. Glotz, Histoire romaine, tome I, pp. 549-575 d’aprĂšs Polybe, Histoire gĂ©nĂ©rale, livres 29 Ă  36. 39Voir G. I. Bratianu, Origines et formation de l’unitĂ© roumaine, Bucarest, 1943. Notons qu’en France la Dacie avait fait l’objet de trois communications de d’Anville en 1750 Ă  l’AcadĂ©mie des inscriptions, La Dacie avant Trajan, La Dacie sous Trajan, La Dacie aprĂšs Trajan. 40La carte de Ruhedorf est aux Cartes et Plans de la BNF sous la cote Ge D 14654 Mappa specialis Valachiae et 
 singulorum districtuum, 1788. 41Praktika tĂšs Akademias AthĂ©non 1978. L’autographe de Rigas est sous la cote Ge F 5920. 42MĂȘme si de nombreux Grecs, commerçants notamment, rĂ©sident dans les PrincipautĂ©s et s’ils y forment l’élite intellectuelle, celle qui rĂ©pand notamment les LumiĂšres françaises. 43Joseph Mesodace, ou Mesiodax, est l’un des grands hommes des lumiĂšres grecques, qui a entre autres publiĂ© une ThĂ©orie de la gĂ©ographie, Vienne, 1781 c’est donc l’une des inspirations possibles de Rigas voir l’important ouvrage de C. Th. Dimaras, Histoire de la littĂ©rature nĂ©ohellĂ©nique, coll. de l’Institut français d’AthĂšnes, 1965. 44Les guerres qui entre 1788 et 1792 ont opposĂ© l’Empire ottoman Ă  la Russie et Ă  l’Autriche, et qui se sont conclues par les traitĂ©s de Sistova 1791 et Iassi 1792. Les poussĂ©es russe et autrichienne vers les Balkans ont alors Ă©tĂ© bloquĂ©es. 45NĂ© Ă  Smyrne en 1748 et d’abord mĂ©decin, il est surtout un grand Ă©diteur de textes grecs anciens. Il vit Ă  Paris de 1788 Ă  sa mort en 1833. Il est notamment l’auteur d’un important MĂ©moire sur l’état actuel de la civilisation dans la GrĂšce, lu le 6 janvier 1803 Ă  la SociĂ©tĂ© des Observateurs de l’homme. 46Sur ces questions, voir notamment Denis Kohler, Naissance de l’historiographie grecque moderne », in Philologiques I, Ă©ditions de la MSH, 1990 ; Stella Manet, C. Paparrigopoulos et deux historiens romantiques, deux romantismes », Storia della Storiografia, n° 33, 1998. La question est aussi abordĂ©e par Vernant dans sa prĂ©face aux MĂ©moires du gĂ©nĂ©ral Macriyannis trad. D. Kohler, Albin Michel, 1986. Il note que le gĂ©nĂ©ral emploie le nom d’Hellada quand il Ă©voque les grands morts c’est le nom de notre patrie qui a disparu avec eux » et parle des Grecs » sur le plan de la langue. 47Ouvr. citĂ©, p. 306. 48Rappelons qu’alors la langue Ă©tait couramment appelĂ©e la langue romĂ©ique ». 49Id., p. 405. En italiques dans le texte. 50Voir AndrĂ© Mirambel, La France devant l’hellĂ©nisme, Paris, 1962, et C. Th. Dimaras, Ambivalence de l’hellĂ©nisme », Actes du 6e congrĂšs de l’Association internationale de littĂ©rature comparĂ©e, pp. 557-560. 51Voir Guiomar, Histoire et significations de “la Grande Nation” aoĂ»t 1797-automne 1798 problĂšmes d’interprĂ©tation », dans Du Directoire au Consulat. 1. Le lien politique local dans la Grande Nation, J. Bernet, Jessenne, H. Leuwers Ă©d., Lille de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Jean-Yves Guiomar et Marie-ThĂ©rĂšse Lorain, La carte de GrĂšce de Rigas et le nom de la GrĂšce* », Annales historiques de la RĂ©volution française, 319 2000, 101-125. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Jean-Yves Guiomar et Marie-ThĂ©rĂšse Lorain, La carte de GrĂšce de Rigas et le nom de la GrĂšce* », Annales historiques de la RĂ©volution française [En ligne], 319 janvier-mars 2000, mis en ligne le 11 mai 2006, consultĂ© le 21 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Droits d’auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page

4lettres: D'autres dĂ©finitions intĂ©ressantes. DĂ©esse mĂšre de la GrĂšce antique. DĂ©esse incarnant la Faute dans la GrĂšce antique. En GrĂšce antique, elle avait forcĂ©ment de l'avenir 'Folie' de la GrĂšce antique. DivinitĂ© de la mer, dans la GrĂšce antique. Conforme Ă  la philosophie d'un immense penseur de la GrĂšce antique. Grandes fĂȘtes de l'antique GrĂšce. FĂȘtes de la GrĂšce
Accueil ‱Ajouter une dĂ©finition ‱Dictionnaire ‱CODYCROSS ‱Contact ‱Anagramme Castagnettes de la GrĂšce antique — Solutions pour Mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s Recherche - Solution Recherche - DĂ©finition © 2018-2019 Politique des cookies.
RĂ©gionde GrĂšce en 8 lettres; RĂ©gion de GrĂšce en 9 lettres; PubliĂ© le 14 mars 2017 14 mars 2017 - Auteur loracle Rechercher. DĂ©finition ou synonyme. Qu'elles peuvent ĂȘtre les solutions possibles ? Exemple: "P ris", "P.ris", "P,ris" ou "P*ris" Rechercher. Qu'elles peuvent ĂȘtre les solutions possibles ? Rechercher Il y a 1 les rĂ©sultats correspondant Ă  votre recherche .
circonscription de la grece antique 4 lettres
Lasolution à ce puzzle est constituéÚ de 4 lettres et commence par la lettre C. Les solutions pour CIRCONSCRIPTION ANTIQUE de mots fléchés et mots croisés. Découvrez les bonnes réponses, synonymes et autres types d'aide pour résoudre chaque puzzle .
  • v1lr0xif0k.pages.dev/496
  • v1lr0xif0k.pages.dev/465
  • v1lr0xif0k.pages.dev/213
  • v1lr0xif0k.pages.dev/228
  • v1lr0xif0k.pages.dev/64
  • v1lr0xif0k.pages.dev/195
  • v1lr0xif0k.pages.dev/129
  • v1lr0xif0k.pages.dev/490
  • circonscription de la grece antique 4 lettres